Les bijoux ont la cote

Sous l’Empire, la mode devient un prétexte pour déceler au premier regard la qualité d’un personnage, sa position dans la hiérarchie sociale. La prospérité est de retour et les orfèvres recommencent à travailler. Les femmes se couvrent donc de bijoux, donnant libre cours à toutes les extravagances.

Tandis que les dames de la cour font appel à la maison Mellerio pour se fournir en parures raffinées où le diamant n’est plus la seule pierre précieuse affichée, les bourgeoises portent souvent en pendentif des miniatures ou des médailles en or d’inspiration antique.

Les colliers sont formés d’arceaux de chaînes qui relient des motifs de taille décroissante à partir du centre. Autre collier caractéristique, le sautoir, très longue chaîne enrichie d’un ou plusieurs motifs dissimulant le fermoir.

C’est durant la période 1806-1809 que la mode des bijoux connaît son paroxysme. Les femmes portent tellement de bijoux à la fois qu’elles « semblaient des vitrines ambulantes ; aux doigts les bagues s’étageaient ; les chaînes d’or faisaient jusqu’à huit fois le tour du cou, les pendeloques lourdes et massives tiraient le lobe de l’oreille, aux bras serpentaient la ciselure et l’émail des bracelets de toutes formes ; les colliers de perles en torsades ou en franges ornaient les coiffures en cheveux, formant bourrelet sur le devant et parfois retombant sur l’épaule. De longues épingles d’or fixaient les cheveux relevés à la chinoise, les diadèmes formés d’une feuille de laurier, or et diamants d’un côté, d’une branche d’olivier, or et perles de l’autre, ceignaient le front des élégantes. Les peignes* se composaient d’une branche de saule pleureur, or, diamants et perles, beaucoup de colliers, dont le plus apprécié était le  collier du vainqueur, mélange singulier de coeurs en cornaline, en bois de palmier, en sardoine, en malachite, en lapis, suspendus à une chaîne d’or. »

Emmanuelle Papot, juillet 2009

Les termes avec * sont définis dans notre lexique de la mode.

Source

Octave Uzanne, Les modes de Paris, Paris, 1898