Nos bibliothèques, et par extension nos livres, peuvent subir des dommages importants s’ils ne sont pas entretenus. Les bibliothèques ne sont pas des lieux statiques où l’on entrepose des livres ; il faut qu’elles vivent et, pour cela, il faut manipuler les livres. Il n’est pas nécessaire d’utiliser des gants de conservation, pour ce faire. Au contraire, les feuilles et les reliures se nourrissent de nos mains. En revanche, il faut toujours veiller à avoir les mains propres. La manipulation des livres a deux vertus principales : éviter la stagnation de la poussière sur les ouvrages et vérifier que les pires ennemis des livres – à savoir de petits insectes – ne se mettent à dévorer, littéralement, les pages. Ils portent le nom d’insectes « bibliophages » et leurs mets de prédilection sont le papier, la reliure et la colle dont elle est l’un des ingrédients. Les plus communs sont des coléoptères, et parmi eux la vrillette, mais également les termites qui peuvent s’attaquer aux pages. La plupart du temps, il est possible de se rendre compte facilement d’une infestation en ouvrant un livre et en découvrant des petits trous, voire des sillons dans les pages. Parfois, des larves sont également repérables. ► Voir en photos les dégâts causés par ces insectes
Pour éviter leur apparition, plusieurs astuces peuvent être mise en place. Tout d’abord, il est important de ne pas laisser de la nourriture à proximité des livres. Puis, il faut procéder à un grand ménage de la bibliothèque au moins une fois par an. Pour le réaliser, vous aurez besoin :
- de chiffons microfibres propres ;
- d’une bassine ;
- d’eau ;
- dans l’idéal, d’un kit de micro-aspiration monté sur un aspirateur, mais si vous n’en avez pas à disposition, une brosse douce fera l’affaire ;
- d’une bonne dose de motivation.
La première étape consiste à vider l’ensemble des étagères de la bibliothèque de ses ouvrages. Il faut les sortir un à un. Cette étape permet de vérifier l’état général de la bibliothèque et ainsi constater la présence d’éventuelles fragilisations des étagères ou encore de traces d’un dégât des eaux sur l’un des murs, caché par les différents volumes. Une fois les étagères vidées, nettoyez-les avec un chiffon microfibre propre très légèrement humidifié. N’hésitez pas à renouveler l’eau de votre bassine régulièrement et prendre un nouveau chiffon propre. Pendant qu’elles sèchent, procédez à l’examen des livres. Époussetez chacune des six faces des recueils soit avec un kit de micro-aspiration (privilégiez la mini-brosse), soit avec une brosse douce. Cette étape permet d’éliminer la poussière et d’éviter la prolifération de microorganismes. Vous pouvez également vérifier à l’intérieur des feuillets la présence d’éventuels insectes. Après s’être assuré que les étagères sont totalement sèches, remettez en place les ouvrages. Selon la taille de la bibliothèque et de votre appétence pour les livres, ce grand ménage peut prendre un certain temps. Cela peut être l’occasion de reclasser votre bibliothèque par genre, par auteur, par taille, par couleur de reliure… Lors de la manipulation individuelle des livres, si vous avez constaté un dommage comme la présence de moisissure, de nuisibles ou encore une fragilité trop importante de la reliure, je vous recommande de contacter un restaurateur qui vous aiguillera et pourra vous proposer une intervention. Ils sont détenteurs de connaissances et d’un savoir-faire précieux qui permettent de conserver, voire de sauver parfois des ouvrages qui nous semblaient totalement perdus.
Après ce nettoyage de fond en comble de votre bibliothèque, vous avez bien mérité de vous détendre un peu. Alors asseyez-vous dans un bon fauteuil, avec une belle bougie ou au coin du feu, et savourez un bon livre. Pourquoi ne pas replonger dans l’un des ouvrages que vous venez de ranger ? Si vous êtes en mal d’idées, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil à notre sélection de Noël : vous y trouverez sûrement de quoi remplir votre bibliothèque.
Élodie Lefort
Janvier 2021
Élodie Lefort est responsable des collections de la Fondation Napoléon.
► Lire l’épisode suivant : Une chronique d’Élodie Lefort : Entretenir sa collection – Épisode 2 : l’argenterie et la cuivrerie