Les presses à sceller, Grande Bibliothèque – Bureau du ministre de la Justice

Période : Directoire-Consulat-Ier Empire/Directory-Consulate-1st Empire
Artiste(s) : JACOB-DESMALTER François-Honoré Georges, SCHRANTZ
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Depuis le XVIIIe siècle, la Grande bibliothèque de l’hôtel de Bourvallais, situé 13 place Vendôme, a accueilli successivement le cabinet de travail du chancelier puis le bureau des ministres de la justice. Le ministre y travaille et y accueille ses visiteurs encore aujourd’hui.

Le riche mobilier Empire de la pièce est particulièrement symbolique. Les deux presses à sceller rappellent la fonction de garde des sceaux du ministre de la justice. Elles ont été commandées en 1810 par Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824) , alors archichancelier de l’Empire et détenteur des sceaux. Éminent juriste ayant travaillé dès 1793 sur des projets de codes, Cambacérès est l’un des pères fonda­teurs du Code civil promulgué en 1804. Ministre de la Justice en 1799 sous le Directoire, il devint Second Consul en 1800 (aux cotés du Premier Consul Napoléon Bonaparte (1769-1821), et du Troisième Consul Charles-François Lebrun (1739-1824)), puis archichancelier en 1804. La table de travail entre les fenêtres, appelée « bureau de Cambacérès », lui aurait appartenu.

Les presses à sceller, Grande Bibliothèque – Bureau du ministre de la Justice
Presse à sceller, bureau du ministre de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice

La « petite » presse sert aux matrices du grand Sceau, tandis que la « grande » presse semble servir pour le timbre sec. Elles sont constituées de deux éléments : en partie basse, un bas d’armoire orné de bronzes dorés, et en partie haute les presses à proprement parler, réalisées par le mécanicien Schrantz [note de napoleon.org : un mécanicien Schrantz, sis 38, rue Basse-du-Rempart, est signalé dans l’Almanach du Commerce, 1811].

Presse à sceller, gros plan, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice
Presse à sceller, gros plan, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice

Les bas d’armoire, attribués à l’ébéniste le plus en vogue François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770–1841), sont ornés d’un décor de bronzes dorés comparable, avec rosaces, enroulements et palmes, pour la commode de la chambre à coucher de l’Empereur à Fontainebleau. Au centre, un miroir entouré d’un serpent et de branches de laurier en bronze, symbole de la Prudence, cache la séparation entre les deux vantaux et l’entrée de serrure : le miroir désigne que l’homme prudent ne peut régler sa conduite que par la connaissance de ses défauts ; le serpent a été choisi parce que ce reptile a toujours été regardé comme le plus prudent des animaux.

Presse à sceller, détail de l’ornementation en bronze, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice

Pour procéder au scellement, la matrice est fixée au socle de la presse, tandis que le contre-sceau est tenu à la vis.

Timbre sec, matrice et contre-sceau, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © © DICOM / Ministère de la Justice
Timbre sec, matrice et contre-sceau, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice

L’ensemble est entouré de la cerce : deux parties métalliques amovibles qui permettent d’éviter que la cire ne déborde. Une première galette de cire amollie est ensuite posée sur la matrice fixe, et le ou les lacs (les rubans qui maintiennent le sceau) sont disposés. Une seconde galette de cire est posée et, enfin, la vis est serrée pour imprimer le sceau.

Presse à sceller, gros plan, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice
Presse à sceller, gros plan, ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais place Vendôme © DICOM / Ministère de la Justice

 

Classées au titre des monuments historiques, les presses à sceller sont des objets majeurs du patrimoine du ministère de la Justice et de l’histoire de France. Même si aujourd’hui le scellement des lois n’est plus nécessaire à leur validité, l’usage a été gardé de sceller la Constitution, les modifications du texte constitutionnel et quelques lois importantes pour en marquer la solennité.

Texte du département des archives, de la documentation et du patrimoine du ministère de la Justice, août 2021

Voir la fiche présentant les matrices du sceau et contre-sceau de majesté de Napoléon Ier (1805) conservées au musée de la Légion d’honneur.

 

Date :
1810
Lieux de conservation :
Ministère de la Justice, Hôtel de Bourvallais, Paris
Crédits :
© DICOM / Ministère de la Justice
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