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Tableau > 1799, le coup d’État du 18 Brumaire : le général Bonaparte prend le pouvoir

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Tableau > 1799, le coup d’État du 18 Brumaire : le général Bonaparte prend le pouvoir
Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents à Saint-Cloud, 10 novembre 1799, par Bouchot © RMN-GP, musée national du château de Versailles

Le peintre François Bouchot raconte l’événement principal de la deuxième journée du « coup d’État du 18 Brumaire », quand le général Bonaparte prend le pouvoir : on le voit, les députés ne se sont pas laissés faire et les militaires ont dû intervenir !

Petit rappel des faits :

  • En place depuis 1795, le gouvernement du Directoire n’arrive plus à diriger la France ; en 1799, quelques hommes politiques veulent organiser un coup d’État pour prendre le pouvoir et demandent au général Bonaparte de les aider militairement ;
  • le 18 Brumaire (le 9 novembre 1799), les organisateurs du coup d’État organisent le déplacement des assemblées législatives de Paris à Saint-Cloud (à quelques km à l’ouest de Paris). Officiellement, les députés doivent être protégés d’un attentat qui a été découvert. Mais loin de Paris, les députés sont isolés et encadrés par des militaires commandés par le général Bonaparte : ils devraient voter le changement de régime voulu par les organisateurs du coup d’État ;
  • le 19 Brumaire (le 10 novembre 1799), Napoléon Bonaparte fait un discours maladroit pour convaincre qu’il respecte la République, mais les membres de l’assemblée comprennent qu’un coup d’État est en cours et veulent le déclarer hors-la-loi, les militaires interviennent pour le protéger.
  • Pourquoi parle-t-on du 18 Brumaire pour le 9 novembre ? Le 6 octobre 1793, un nouveau calendrier est mis en place : le premier jour de l’an est fixé à la date anniversaire de la naissance de la Première République, c’est-à-dire le 22 septembre, et non plus le 1er janvier ! Dans le nouveau calendrier républicain, la semaine ne compte plus 7 jours mais 10 : c’est une décade. Chaque mois comprend trois décades et l’année se termine avec 5 jours supplémentaires. C’est déjà compliqué, mais en plus les jours et les mois changent de nom : le mois de novembre porte le nom de Brumaire dans le calendrier républicain. Ce calendrier restera en usage jusqu’au 1er janvier 1806.Le coup d’État se déroule durant l’an VIII, c’est-à-dire la 8e année depuis l’installation de la Première République.

► Pour tout savoir sur le coup d’État du 18 Brumaire, lire cette fiche NapoDoc.

 

La mise en scène choisie par le peintre est organisée en 3 parties :

  • partie 1 > en haut à gauche, les grandes fenêtres indiquent que la scène se passe dans une vaste salle, avec un haut plafond, une salle capable d’accueillir les députés de l’assemblée (appelée Conseil des Cinq-Cents), à travers les fenêtres on voir qu’il fait, la scène se déroule dans la journée ;
  • partie 2 > dans la moitié inférieure du tableau, de gauche à droite, se tiennent les principaux personnages, bien éclairés ; en bas, une chaise renversée indique la grande agitation qui règne ;
  • partie 3 > en haut à droite, dans une partie moins éclairée du tableau, plusieurs personnages sont surélevés et se tiennent sur une tribune.

 

Dans la partie 2 du tableau, le général Bonaparte est au centre de la scène, en pleine lumière :

Détail : Le général Bonaparte, 10 novembre 1799 (Le coup d’État de Brumaire, par Bouchot)
© RMN-GP, musée national du château de Versailles

 

  • numéro 1 > Napoléon Bonaparte porte l’uniforme de général, avec une ceinture aux couleurs de la République, bleu, blanc, rouge. Le peintre a choisi de le représenter calme malgré la violence des députés qui l’entourent, qui crient, qui lèvent les bras : le jeune général (il a 30 ans) semble donc avoir toutes les qualités pour diriger la France. Juste derrière lui, deux grenadiers moustachus, portant leur célèbre bonnet à poil, le protègent de la colère des députés.
  • numéro 2 > Les députés s’opposent à Napoléon Bonaparte, ils portent leur uniforme de député avec une ceinture aux couleurs de la République, bleu, blanc, rouge ; d’autres portent un manteau rouge et un chapeau à plume, de forme carré, uniforme des membres du Conseil des Cinq-Cents.
  • numéro 3 > À gauche, trois fusils portant baïonnettes se dressent au dessus des têtes : trois grenadiers tentent de ramener le calme et sont prêts à intervenir.

 

Dans la partie 3 du tableau, Lucien Bonaparte reste dans l’ombre de son frère :

Détail : Lucien Bonaparte à la tribune, in Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents à Saint-Cloud, 10 novembre 1799, par Bouchot © RMN-GP, musée national du château de Versailles
  • numéro 4 > Le frère de Napoléon Bonaparte, Lucien, est président du Conseil des Cinq-Cents. Il est en haut à droite, on le reconnaît car il porte le chapeau de sa fonction. Comme son frère Napoléon, il est assailli par les députés.

Pour aller plus loin :

  • la chaise renversée symbolise aussi le coup d’État, c’est-à-dire le renversement d’un régime politique (le Directoire) pour en installer un autre (le Consulat) ;
  • Napoléon Bonaparte est davantage mis en avant, en lumière, que son frère Lucien, mais dans les faits Lucien a eu un rôle aussi important que son frère dans l’organisation et la réussite du coup d’État.
  • Napoléon est mort en 1821, et le tableau a été peint bien après, en 1838, l’Empereur est devenu un personnage mythique quand Bouchot réalise son tableau. De plus, si Napoléon a connu un destin exceptionnel en devenant Empereur des Français, Lucien Bonaparte n’a pas régné et n’a pas eu une carrière politique importante : c’est pourquoi le peintre Bouchot a distingué Napoléon plutôt que Lucien.
  • On peut voir cet immense tableau (il mesure 4,20 mètres de large et 4 mètres de haut), au musée national du château de Versailles : voir le site du château.

 

Pour tout savoir sur le coup d’État du 18 Brumaire, lire cette fiche NapoDoc.

Irène Delage, janvier 2019, mise à jour octobre 2024

 

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