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Caroline Murat, reine de Naples (1782-1839)

Caroline Murat n'est autre que Caroline Bonaparte ! Découvre cette soeur de Napoléon à travers son portrait.

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Caroline Murat, reine de Naples (1782-1839)
Louise-Elisabeth Vigée Le Brun Caroline Bonaparte (1782-1839) et de sa fille ainée Laetitia Joséphine 1807

I. Qui cette élégante femme ?

Peint en 1807, ce tableau représente Caroline Bonaparte, la plus jeune des trois soeurs de Napoléon.

Elle porte de somptueux habits aux couleurs typiquement impériales : traîne de velours pourpre sur une robe brodée d’or. Le satin blanc de sa robe, très à la mode pour les femmes sous l’Empire, vient compléter cette tenue riche qui lui donne cette allure royale que renforce la couronne sur sa tête. Ce n’est pas un hasard : le tableau a été peint par Élisabeth Louise Vigée Le Brun qui fut la peintre officielle de la reine Marie-Antoinette. Caroline est donc représentée comme une femme des plus hauts rangs du pouvoir. À l’époque du tableau, son frère l’empereur Napoléon Ier a donné à Caroline et son mari Joachim, le grand-duché de Berg et de Clèves.

Femme élégante et importante, Caroline est aussi une mère, qui se fera souvent représentée avec ses enfants. À sa droite se trouve sa fille aînée, Letizia, qui a alors quatre ans. La petite fille est habillée très simplement d’une robe blanche qui rappelle celle de sa mère. Toutes deux ont le même sourire charmant : la présence de la fille de Caroline vient illuminer ce tableau qui aurait été une représentation officielle bien trop sérieuse sans elle… Cette oeuvre est aujourd’hui conservée au château de Versailles.

II. Qui est Caroline, la soeur de Napoléon Ier ?

La dernière sœur de Napoléon

Née le 25 mars 1782, Caroline est la plus jeune des trois sœurs Napoléon. Elle est l’avant-dernière de la famille, Jérôme étant le dernier. Dans ses jeunes années, elle vit des temps difficiles car sa famille est chassée de Corse vers le continent : les Bonaparte sont jugés traîtres à l’indépendance de la Corse,  une cause défendue par de nombreux révolutionnaires de l’île après la chute de Louis XVI. D’abord installés à Marseille en 1793, les membres de la famille profitent des succès militaires et politiques du jeune général Bonaparte pour s’installer à Paris. Caroline est envoyée au pensionnat de Madame Campan (à Saint-Germain-en-Laye), où elle devient l’amie de la fille de Joséphine de Beauharnais, Hortense. Bientôt, un jeune prétendant de Caroline, le général de brigade Joachim Murat, demande à Napoléon Bonaparte (qu’il a aidé lors du coup d’État du 18-Brumaire (9 novembre 1799) d’épouser sa soeur. Ils se marient le 20 janvier 1800. Ils auront quatre enfants, Achille, Letizia, Lucien et Louis.

Une femme très ambitieuse

Au fur et à mesure que Napoléon s’impose au pouvoir, Caroline et son mari en profitent pour asseoir leur richesse et leur réputation, en donnant de nombreuses fêtes dans leurs différents hôtels parisiens. Les succès militaires de Joachim, devenu général de division, contribuent à leur position favorable, aussi bien auprès de Napoléon que de la Cour. Lorsque l’Empire est proclamé en 1804, Caroline exige du tout nouveau Napoléon Ier d’être altesse impériale, au même titre que ses frères et leurs épouses. Le titre ne suffit pas pour Caroline et Joachim, et ils obtiennent en 1806 le grand-duché de Berg et de Clèves… Deux ans plus tard, Napoléon leur octroie le royaume de Naples, et fait de Caroline la réelle codirigeante du royaume en cas d’absence de Joachim (lorsqu’il estappelé à participer aux campagnes militaires de l’Empire). La reine de Naples s’intéresse tout autant à la politique qu’à l’économie et aux arts. Ainsi elle essaie de relancer l’économie de son royaume en aidant les manufactures textiles, favorise l’éducation des jeunes filles et encourage les fouilles archéologiques de Pompéi. Elle entreprend aussi de décorer avec faste ses palais et commande des tableaux à son peintre préféré, Ingres, comme en 1814 celui de La Grande Odalisque.

La rupture avec Napoléon Ier

Dès 1810, le couple Murat tente de s’affranchir de la tutelle de l’Empereur et veut donner de l’indépendance au royaume de Naples. Cette attitude déplaît à Napoléon qui leur rappelle dans une lettre qu’il n’a fait Joachim roi, « que pour servir son système ». Avec les échecs des campagnes de Russie en 1812 et d’Allemagne en 1813, Caroline Murat sent que Naples est en première ligne pour être attaqué par les états européens qui se sont coalisés contre Napoléon. Elle essaie de négocier alors avec l’Autriche qui a une forte présence en Italie et menace directement son royaume. Caroline réussit dès janvier 1814 à préserver son statut de reine, quelques mois avant la première abdication de Napoléon le 4 avril 1814 alors que les Alliés menacent Paris. Napoléon se sent trahi, et ses relations avec les Murat sont paralysées pendant des mois.

La fin de l’Empire pour les Murat

Pourtant, Joachim Murat reprend contact avec l’Empereur, alors en exil sur l’île d’Elbe, et lui envoie clandestinement des lettres dès l’été 1814. Puis Napoléon quitte l’île d’elbe et revient à Paris le 1er mars 1815. La période des Cent-Jours risque de déstabiliser le pouvoir des Murat à Naples. Joachim se lance dans une campagne anti-alliée pour lever une insurrection générale en Italie, dans l’espoir d’en devenir le roi. Caroline gère le royaume de Naples tant bien que mal sous la pression autrichienne et britanniqueLa défaite de Waterloo le 18 juin achève définitivement ses rêves de maintien au pouvoir. Elle s’installe alors en Autriche où elle apprend la mort de Joachim, fusillé en Italie le 13 octobre 1815. La mort de Napoléon en 1821 la « libère » de cette résidence surveillée dans l’Empire autrichien : elle peut choisir de s’installer à Florence, où elle meurt le 18 mai 1839. En 1822, son fils aîné Achille était parti s’installer aux États-Unis, rejoint par son frère Lucien en 1824.

Marie de Bruchard, novembre 2015

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