Les Français au quotidien > En 1800, la France est le pays le plus peuplé d’Europe, avec 29 millions d’habitants en 1800. La grande majorité vit à la campagne dans des conditions difficiles en comparaison avec le quotidien des citadins.
Un confort tout relatif
L’habitat rural est modeste, de 2 à 3 pièces, et la famille dort parfois dans un seul lit. Mais désormais les animaux sont dans des bâtiments à part, étable ou poulailler. Le mobilier est simple, table et chaises, coffres et buffets pour ranger, quelques gravures au mur. Les villes commencent à se développer mais les rues sont encore étroites, sales, sans trottoirs ni éclairage. Les appartements ont de 3 à 6 pièces, du parquet au sol, du papier peint aux murs et des tentures aux fenêtres. Le mobilier est très divers : table, guéridon, chaises, fauteuils, armoires et secrétaires. Le nombre de domestiques est signe de richesse : cuisinière, femme de chambre, servante et cocher, tous sont logés dans des mansardes et peu payés. À la campagne comme en ville, les efforts sont consacrés à chercher de l’eau, aux puits ou aux fontaines, et du bois, car cheminées et poêles sont les seuls moyens de chauffage. L’éclairage se fait à la bougie, avec parfois des chandeliers fixés au mur.
L’alimentation
Les Français consomment surtout du pain, de la viande et des volailles, un peu de poisson. Ils commencent à cuisiner des pommes de terre, et des pâtes venues d’Italie. La campagne mange carottes, poireaux, choux, pommes, poires, prunes, et la ville savoure tomates et oranges. Les herbes aromatiques et les épices parfument les plats, et tous les gourmands se régalent de gâteaux et de fruits secs.
L’eau des puits étant rarement potable, on filtre l’eau de pluie et des cours d’eau, les plus aisés peuvent boire de l’eau minérale en bouteille. Dans certaines régions, la bière est préférée au vin, tandis que le thé, le café et le chocolat deviennent des denrées de luxe, comme le sucre, en raison du blocus continental (loi interdisant l’entrée des produits de l’Angleterre et de ses colonies dans tout l’Empire).
Le corps : hygiène et vêtements
La toilette est sommaire, on se parfume plus qu’on ne se lave et le bain est rare, seuls quelques riches parisiens ont une baignoire. Se brosser les dents est aussi un soin peu fréquent.
Les citadines portent des robes légères ceinturées sous la poitrine, de petits chapeaux aux tons unis et sobres, et un châle coloré, très à la mode (Joséphine en avait 300 !). Les hommes sont influencés par le style anglais, veste courte devant et longue derrière, pantalon glissé dans des bottes cavalières en cuir. À la campagne, les vêtements sont plus colorés, en laine et en tissu solide. Les paysans chaussent des sabots de bois, tandis que les citadines portent des ballerines en cuir très fin, peu faits pour marcher dans les rues sales.
Être un enfant sous l’Empire
Un semaine après sa naissance, l’enfant est baptisé et confié à une nourrice. Dans les familles bourgeoises, la mère s’occupe des enfants, leur apprend la lecture et l’écriture, parfois la musique. A 6 ans, ils vont à l’école primaire, puis à 10 ans au collège, où ils étudient le français, le latin, les mathématiques, l’histoire. A la campagne, les enfants s’occupent dès 7 ans de la basse-cour ou du potager, tandis que les enfants pauvres des villes font des petits métiers, comme cirer les chaussures, ou sont employés dans une usine.
Les marionnettes, les soldats de plombs, les poupées, sont les jouets les plus appréciés avec les petites voitures et les livres d’images. Les enfants jouent aussi à la marelle ou à colin-maillard, avec des cerfs-volants et des cerceaux, des ballons ou des jeux de quille, et rêvent devant les animaux exotiques des zoos.
Une société en mutation : malgré la guerre, l’industrie commence à se développer, l’éducation s’étend un peu partout en France et la population découvre de nouveaux loisirs
Des conditions de travail difficiles
La surveillance des ouvriers s’accroît en 1803 avec un livret qui doit être signé par la police : ce document comprend la description physique de l’ouvrier, son adresse et les emplois occupés. Les conditions de travail sont dures et les journées longues, plus de 11 heures, seul le dimanche est un jour de repos. Le départ de nombreux hommes à la guerre permet l’augmentation des salaires et la cotisation à des caisses de secours : lors d’un accident ou d’une maladie, une somme est versée à l’ouvrier ou à sa famille, car perdre son travail ou être handicapé jette vite une famille dans la pauvreté.
Des campagnes vers la ville
L’agriculture évolue peu et l’assolement triennal est toujours pratiqué : les 2 tiers de la terre sont cultivés et le 3e tiers laissé au repos pendant un an. L’année suivante, le paysan change de parcelles. L’élevage est très important, pour la viande, le lait, la laine, mais aussi pour les bêtes de traits, bœuf, cheval, âne.
Beaucoup d’artisans, menuisier, cordonnier, forgeron ou tailleur, s’installent en ville où le travail est mieux payé et où ils peuvent passer du statut d’artisan à celui de maître, dirigeant un atelier de plusieurs ouvriers et apprentis.
L’industrie textile et sidérurgique est encouragée par des subventions et tous les 2 ans, des expositions sont organisées à Paris pour montrer les progrès et les inventions dans différents domaines.
Les loisirs
Les paysans et les artisans se retrouvent le soir au cabaret, pour boire, fumer et jouer aux cartes. En ville, les plus aisés vont aux cafés et aux tivolis (jardins dont l’entrée est payante et où l’on peut boire et danser). A la maison, le billard dont raffole l’Impératrice Joséphine, est à la mode tandis que la lecture des romans, des journaux et la musique sont toujours très appréciées. Mais les auteurs et les journalistes sont soumis à la censure et surveillés. Enfin, à Paris et dans les grandes villes, les habitants se pressent au musée pour admirer tableaux et sculptures.
Irène Delage, mise en ligne juillet 2019