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L’impératrice Marie-Louise (1791-1847)

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L’impératrice Marie-Louise (1791-1847)

Une jeune princesse « anti-française »

Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine est née le 12 décembre 1791 à Vienne au Palais de la Hofburg. Elle est la fille aînée de François II d’Autriche et de Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile. Ses deux parents avaient pour grand-mère la grande impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et pour tante Marie-Antoinette, reine de France mariée à Louis XVI en 1770. L’histoire des relations entre l’Autriche et la France est compliquée par la Révolution française et l’exécution de la reine Marie-Antoinette le 16 octobre 1793. Ainsi, la jeune Marie-Louise est éduquée dans la méfiance de la France et de Napoléon, en particulier depuis que l’Empereur des Français a marché sur Vienne lors de la campagne de 1805.

La nouvelle Hofburg à Vienne. Au premier plan, la statue du premier archiduc Charles de Habsbourg
La nouvelle Hofburg à Vienne. Au premier plan, la statue du premier archiduc Charles de Habsbourg © Wikipedia

Un mariage de devoir avec Napoléon Ier

En 1810, Napoléon Ier est en position de force, depuis qu’il a vaincu l’Autriche le 6 juillet 1809 lors de la bataille de Wagram. Il s’est séparé en novembre 1809 de l’impératrice Joséphine qui ne pouvait lui donner d’enfant. Aussi, il cherche une nouvelle épouse qui  pourra lui donner une descendance dynastique et lui permettre une nouvelle alliance avec une monarchie européenne. La plupart des monarques d’Europe sont réticents à répondre à cette demande d’alliance mais François II, lui, tente d’apaiser les relations avec la France depuis le traité de paix signé à Schönbrunn le 14 octobre 1809, qui a mis fin à la campagne napoléonienne sur le territoire autrichien. Marie-Louise sert donc de gage de paix entre les deux monarques. La jeune femme de 18 ans n’est pas enchantée mais elle comprend les enjeux politiques de cette union.
Les formalités de ce mariage politique sont vite réglées devant l’impatience de l’empereur des Français de rencontrer sa nouvelle femme. Le maréchal Berthier, héros de la bataille de Wagram, est dépêché pour représenter Napoléon Ier à Vienne le 4 mars 1810 et demander officiellement la main de Marie-Louise le 8 mars. Le lendemain le contrat est signé, et le 11 mars a lieu le mariage civil sans que les deux époux ne se soient jamais rencontrés !

Arrivée de l'impératrice Marie-Louise à Compiègne le 28 mars 1810, par Pauline Auzou © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Arrivée de l’impératrice Marie-Louise à Compiègne le 28 mars 1810, Pauline Auzou © RMN-Grand Palais / Gérard Blot

Impératrice des Français et mère du roi de Rome

Après ce mariage officiel, Marie-Louise quitte Vienne le 13 mars, accompagnée d’un convoi de 83 voitures pour atteindre Compiègne le 27 mars 1810. Napoléon ne peut attendre son arrivée à Paris et la retrouve là-bas. Le mariage religieux est célébré, le 2 avril 1810, dans le Salon carré du Louvre transformé pour l’occasion en chapelle.
Contre toute attente, malgré la peur qu’elle éprouve, Marie-Louise est agréablement surprise par Napoléon, très attentif et prévenant. De son côté, Napoléon loue sa jeune épouse qu’il trouve agréable et docile. Un an après le mariage, le seul enfant du couple impérial, le roi de Rome, voit le jour le 20 mars 1811, après un accouchement difficile.
La vie de l’Impératrice est réglée avec précision dans son quotidien : même en campagne hors de France, Napoléon lui fait savoir par lettre dans quel palais impérial il désire qu’elle séjourne. Il a choisi son entourage ainsi que celui du roi de Rome. Marie-Louise suit donc une routine luxueuse, où rien ne laisse place au hasard.

Napoléon, Marie-Louise et le roi de Rome dans les jardins des Tuileries, Anonyme © Wikipedia
Napoléon, Marie-Louise et le roi de Rome dans les jardins des Tuileries, Anonyme © Wikipedia

Jeune, sans éducation politique véritable, elle n’a pas de rôle politique en dehors de celui de représenter l’Empereur quand il n’est pas en France pour une longue durée, notamment lors des campagnes militaires. Ainsi, en 1813, lorsque Napoléon part combattre en Allemagne, il laisse à Marie-Louise la régence (une sorte de délégation de pouvoir pour diriger). La jeune femme est encadrée et conseillée par les ministres de Napoléon, et elle n’a qu’à inaugurer l’avant-port militaire de Cherbourg durant l’été. Sa seule mission un peu politique est de tenter influencer son père lors de leur correspondance, en faveur de Napoléon. L’amitié nouée entre la France et le pays de Marie-Louise finit pourtant par voler en éclats. Après la défaite de la campagne d’Allemagne à l’automne 1813, Napoléon repasse brièvement par Paris pour en repartir le 25 janvier 1814 et conduire la campagne de France. Il ne reverra plus jamais Marie-Louise et leur fils.

Marie-Louise portant le roi de Rome à Napoléon Ier pendant le repas de l'empereur, par A. Menjaud, 1812 © RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet
Marie-Louise portant le roi de Rome à Napoléon Ier pendant le repas de l’empereur, Alexandre Menjaud © RMN-Grand Palais / Daniel Arnaudet

La chute de l’Empire français et retour à Vienne

Lorsque les Alliés coalisés contre Napoléon – dont le père de Marie-Louise ! – parviennent à Paris le 30 mars 1814, Napoléon fait savoir à son frère Joseph qu’il désire que Marie-Louise parte avec leur fils hors de Paris dont les habitants sont en proie à la panique. Effrayée à l’idée qu’il ne lui arrive la même chose qu’à la reine Marie-Antoinette, elle rejoint le château royal de Blois, dans le val de Loire. Après la première abdication de Napoléon à Fontainebleau, le 6 avril 1814, elle cherche à suivre son époux dans son exil à l’île d’Elbe. Mais son père, François d’Autriche, la persuade de revenir à Vienne, après lui avoir prétexté que sa santé se dégrade en France. Retrouvant ses marques dans son pays natal, elle part faire une cure thermale à Aix-les-Bains, après avoir laissé son fils à la cour de Vienne. Le comte Adam Albert de Neipperg est chargé de la surveiller pour éviter que l’ancienne impératrice des Français ne cherche à retrouver son mari, car jusqu’ici Marie-Louise montre et écrit sa ferme intention de suivre son mari à Elbe. La jeune femme se laisse séduire par Neipperg et abandonne toute idée de retrouver Napoléon dès lors, y compris lorsqu’il revient en France en mars 1815 et reprend le pouvoir durant les Cent-Jours.

Marie-Louise représentée en duchesse de Parme en 1839 par Giovan Battista Borghesi
Marie-Louise représentée en duchesse de Parme en 1839 par Giovan Battista Borghesi © Wikipedia

La nouvelle vie de la duchesse de Parme

Entre-temps, les Alliés ont décidé d’accorder à Marie-Louise le duché de Parme en Italie. Marie-Louise s’y installe le 9 avril 1816 en compagnie de son amant Neipperg, à qui elle laisse le soin d’administrer ses territoires. Il le fait d’une main de fer tandis que la duchesse s’attache à créer des hôpitaux, des monuments et des musées. Avant d’aller en Italie, Marie-Louise a dû laisser à Vienne son fils, devenu duc de Reichstadt à sa demande auprès de l’empereur François, car si elle a renoncé à vivre avec son enfant, elle a insisté pour qu’il puisse avoir ce titre et des terres afin d’avoir des revenus et être autonome. En 1832, le roi de Rome meurt de la tuberculose, dans les bras de sa mère qui s’est précipitée à Vienne pour vivre les derniers instants de ce fils qu’elle a peu connu mais pleure sincèrement.
Après la mort de Napoléon à Sainte-Hélène, le 5 mai 1821, elle peut désormais épouser Neipperg le 8 août suivant. Le couple a quatre enfants avant que Neipperg ne meure en 1829. Après des émeutes à Parme en 1831, Marie-Louise, réputée trop laxiste et naïve dans la gestion de ses sujets, épouse le 17 février 1834 le comte Charles-René de Bombelles, chargé de reprendre l’administration par la puissance autrichienne qui domine ce territoire italien.

Marie-Louise meurt le 17 décembre 1847. Elle est inhumée dans la crypte des Capucins réservée aux Habsbourg dans la cathédrale Saint-Étienne à Vienne.

Marie de Bruchard, mai 2017

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