L’ordre de la Légion d’honneur
Sous la Révolution française (1789-1799), les décorations nationales sont interdites, mais Napoléon décide de les rétablir. Il crée la Légion d’honneur le 19 mai 1802 (le 29 floréal An X dans le calendrier républicain) pour récompenser les exploits militaires mais aussi civils.
L’ordre de la Légion d’honneur est dirigée par un conseil d’administration que préside le chef de l’État lui-même. Il existe une hiérarchie au sein de l’institution, avec différents grades, comme celui de chevalier, d’officier, de commandant, puis, le plus prestigieux, de grand officier de la Légion d’honneur. Sauf exception, nul ne peut atteindre un grade sans avoir d’abord été nommé au grade inférieur. Les hommes qui reçoivent cette décoration se voient attribuer une pension, appelée rente, qui varie en fonction du grade.
La première grande remise de décorations par l’Empereur Napoléon Ier est organisée, à Paris, dans la chapelle des Invalides. Elle est d’abord prévue le 14 juillet 1804, mais se déroule finalement le lendemain, le dimanche 15 juillet 1804, car le dimanche est le seul jour de la semaine où la majorité de la population ne travaille pas et peut assister à des cérémonies et des festivités.
Oui, le 15 juillet 1804, Napoléon est bien Empereur des Français ! C’est le texte de loi, ou sénatus-consulte, du 18 mai 1804 qui l’a rendu empereur, et non pas la cérémonie du sacre du 2 décembre 1804.
Plusieurs civils reçoivent une décoration de la Légion d’honneur sous le Premier Empire, des artistes, des entrepreneurs. Mais le mineur Hubert Goffin est le premier ouvrier à avoir été décoré de la Légion d’honneur, pour acte de bravoure, le dimanche 22 mars 1812 , à Liège (à l’époque, cette ville de Belgique se trouve dans un département français, l’Ourthe). Le décret de nomination a été signé par Napoléon Ier le 12 mars.
Quelques jours plus tôt, le vendredi 28 février 1812, Goffin travaillait au fond d’une mine près de Liège avec son jeune fils Mathieu, âgé de 12 ans, et une centaine d’ouvriers. La mine fut soudain envahie par un courant d’eau. Sans céder à la panique, Goffin organisa en premier lieu la remontée des hommes à la surface en utilisant le panier servant à transporter les morceaux de houille. Mais l’eau se faisait de plus en plus menaçante et le retour des hommes à la surface n’était pas assez rapide. Plusieurs mineurs périrent noyés. Goffin décida alors d’entraîner les 69 ouvriers restant, dans une zone plus élevée, à l’abri de l’eau. Puis il entreprit de faire creuser un couloir afin de rejoindre les secours qui s’organisaient à la surface. Le 4 mars, les hommes retrouvèrent l’air libre, sains et saufs.
Marie-Angélique Duchemin (1772-1859) est sans doute la première femme à avoir été décorée de la Légion d’honneur, le 15 août 1851, par le président de la IIe République Louis-Napoléon Bonaparte, pour avoir courageusement combattu durant les guerres de la Révolution, de 1792 à 1797.
La Légion d’honneur est une des « masses de granit » du Consulat. Le nom fait référence à la pierre très dure de granit : les nouvelles institutions et les réformes rassemblées sous ce nom sont destinées à consolider l’État et la société, bouleversés par la Révolution française. Parmi les autres masses de granit, figurent le Conseil d’État, la Banque de France, les préfets et le Code civil, autant de « créations » qui existent toujours.
L’étoile de la Légion d’honneur
La décoration de la Légion d’honneur consiste dans une étoile à cinq rayons doubles. Le centre de l’étoile, entouré d’une couronne de chêne et de laurier, présente, d’un côté, la tête de l’Empereur, avec cette légende : Napoléon, Emp. des Français et, de l’autre, l’aigle française tenant la foudre, avec cette légende : Honneur et Patrie, qui est la devise de l’ordre. La décoration est émaillée de blanc. Au cours de l’histoire, la décoration connaît quelques changements, par exemple le profil au centre change pour représenter le Premier Consul Bonaparte à la place de Napoléon Ier Empereur.
Le palais de la Légion d’honneur
En 1804, le siège de l’ordre de la Légion d’honneur est installé dans l’hôtel de Salm, qui porte le nom de son propriétaire, le prince Frédéric III de Salm-Kyrbourg. Construit en 1782, l’hôtel fait face au jardin des Tuileries, sur la rive opposée de la Seine. Il est constitué de deux édifices distincts, une demeure de style vénitien et un palais princier de style allemand. L’ensemble est élégant avec une façade en rotonde, et une cour d’honneur rectangulaire, d’inspiration antique avec son péristyle de colonnes ioniques. Endommagé par l’explosion d’une poudrière voisine en 1794, le palais est restauré entre 1804 et 1812. Lors de la Commune, mouvement révolutionnaire parisien de 1871, les bâtiments sont incendiés au même moment que le palais des Tuileries, mais leur reconstruction est rendue possible grâce au financement des travaux par les membres de la Légion d’honneur. Désormais, la devise de la Légion d’honneur Honneur et Patrie figure au-dessus du portique intérieur.
Les Maisons d’éducation de la Légion d’honneur
Peu après la grande victoire à Austerlitz du 2 décembre 1805, Napoléon Ier crée, le 15 décembre, trois Maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Elles étaient destinées à accueillir des filles des membres de l’ordre afin de les préparer à leur vie d’épouse et de mère : elles apprenaient Deux maisons d’éducation existent toujours et accueillent plusieurs centaines d’élèves, de niveau collège et lycée, dans la banlieue de Paris : à Saint-Denis et à Saint-Germain-en-Laye. Plus d’infos en cliquant ici.
Et aujourd’hui ?
Les décorations de l’ordre de la Légion d’honneur sont toujours accordées aujourd’hui à des militaires et à des civils. Pour d’infos en cliquant ici.
À côté du palais de la Légion d’honneur, un musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie présente de très nombreuses décorations, françaises et étrangères : l’entrée est gratuite ! Plus d’infos en cliquant ici.
Irène Delage, mai 2022