La construction de la chapelle palatine, plus connue sous la dénomination de « Chapelle impériale » résulte d’une des dernières volontés du cardinal Fesch : « Sur le produit de la vente de ma Grande Galerie de tableaux, mes héritiers prélèveront la somme de deux cent mille francs destinée à la construction d’une église à Ajaccio…où sera établie ma sépulture, celle de ma soeur Letizia et de tous les membres de la famille Bonaparte qui voudront y être ensevelis« . Après sa mort survenue à Rome en 1839, le cardinal Fesch fut inhumé dans le cimetière de Corneto, en Italie, près de sa soeur. En 1857, ses volontés furent enfin exhaussées grâce à Napoléon III. Paccard, architecte officiel du régime impérial, conçut une chapelle de plan rectangulaire s’inscrivant dans une croix latine. Construite en pierre de Saint-Florent, elle prit place dans l’aile droite du Palais Fesch. Bénie le 9 septembre 1860, la chapelle reçut la visite de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie le lendemain. Elle porte au fronton une inscription latine signifiant : « A Marie-Letizia, mère de l’Empereur Napoléon Ier et au cardinal Fesch qui de son vivant, institua pour lui-même, pour son excellente soeur et pour les siens, cette sépulture, achevée par Napoléon III ».
L’intérieur de la chapelle, et notamment la coupole, est entièrement orné de peintures en grisaille figurant des motifs floraux et des trophées d’objets sacerdotaux, oeuvre de Jérôme Maglioli, architecte et peintre d’Ajaccio. Les vitraux sont eux-aussi intéressants d’un point de vue iconographique. Marqués du F de Fesch, ils présentent des compositions alliant les attributs ecclésiastiques du cardinal aux traditionnels symboles impériaux de l’Aigle et de la croix de la Légion d’honneur. Les piliers centraux supportent des plaques de marbre noir dont trois d’entre elles sont gravées d’inscriptions latines composées par Champollion-Figeac à la mémoirede Madame Mère, du Cardinal Fesch et de Charles Lucien Bonaparte, prince de Canino, fils aîné de Lucien. L’autel, spécialement préparé lors des célébrations annuelles du 15 août et du 5 mai (naissance et mort de l’Empereur), est surmonté d’un crucifix de style copte offert par Bonaparte à sa mère lors de son retour d’Egypte en août 1799.
Des couloirs latéraux permettent d’accéder à la crypte où reposent les membres de la famille impériale. De part et d’autre de l’entrée se trouvent les tombeaux de la princesse Clémentine (Laeken 1872-Nice 1955) et de son époux le Prince Victor (Paris 1862-Bruxelles 1926). Leur fils, le Prince Napoléon (Bruxelles 1914-Prangins 1997), leur fait face. La crypte elle-même, de forme circulaire, se situe exactement dans l’axe de la coupole. Elle renferme six sarcopages protégés de parements noirs sur lesquels sont indiqués en lettres dorées les noms des défunts. A droite en entrant, les parents de Napoléon, Marie-Laetizia Ramolino (Ajaccio 1750-Rome 1836) et Charles Bonaparte (Ajaccio 1746-Montpellier 1785) dont la dépouille fut ramenée de Saint-Leu-la-Forêt en 1951. Suivent ensuite Napoléon-Charles Bonaparte (Rome 1839-1899), Charles-Lucien Bonaparte (Paris 1803-1857), les princesses Zénaïde (Rome 1860-1862) et Eugénie (Grotta-Ferrata 1872-Paris 1949) et enfin le cardinal Fesch (Ajaccio 1763- Rome 1839).
Karine Huguenaud
Juin 1998 – mise à jour : mai 2019
Pour plus d’information, consultez l’itinéraire Napoléon et la Corse.