Installé dans le Palais Fesch en plein cœur d’Ajaccio, le musée des Beaux-Arts rassemble des collections de peinture dont une grande part provient du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), oncle maternel de Napoléon, archevêque de Lyon, primat des Gaules, grand amateur d’art et mécène éclairé. Désireux de faire construire dans sa ville natale un Institut des Sciences et des Arts, le Cardinal Fesch légua à Ajaccio un millier de tableaux appartenant à sa fabuleuse collection qui comptait à sa mort plus de 17 000 œuvres d’art dont environ 16 000 tableaux. De cette collection particulière essentiellement consacrée à la peinture italienne, l’une des plus importantes qui ait jamais existé, il ne reste que l’ensemble conservé au Palais Fesch.
Des ventes successives opérées du vivant du cardinal puis après sa mort par Joseph Bonaparte, son légataire universel, l’ont ainsi privée de chefs-d’œuvre de Giotto, Mantegna, Raphaël ou Rembrandt.
Si la conception du bâtiment dans lequel est installée la collection remonte à 1806, ce n’est qu’en 1827 que les travaux de construction furent entrepris, grâce à Mgr Péraldi, ami et mandataire du cardinal réfugié à Rome après la chute de l’Empire. En 1829, les travaux furent suspendus par le gouvernement bourbonien qui considérait comme une provocation cette magnificence architecturale déployée par un exilé. Repris en 1833, ils furent achevés en 1837 sous la direction de l’architecte corse Frassato. Le bâtiment présente un corps central avec deux ailes latérales s’ouvrant sur une cour carrée. Décédé en 1839 à Rome, le cardinal Fesch ne put jamais contempler son œuvre achevée. Après des destinations diverses, le Palais Fesch fit l’objet en 1987 d’une importante restauration afin que la collection du cardinal soit, selon son vœu, exposée dans sa totalité. Fermé pour travaux depuis 2008, il a rouvert ses portes au public en juin 2010.
Le Palais Fesch – musée des Beaux-Arts a acquis une renommée mondiale par son prestigieux panorama de la peinture italienne qui réunit toutes les écoles italiennes du XIVe au XVIIIe siècles. En France, il constitue ainsi le fonds italien le plus important après le Louvre. Si le musée conserve également des œuvres intéressantes des écoles flamande, hollandaise, germanique, française et espagnole, il offre de surcroît une section napoléonienne qui rend hommage au fondateur de la collection et à sa famille. Le visiteur est d’ailleurs accueilli dans la cour du palais par la statue du cardinal Fesch sculptée par Vital Dubray sous le Second Empire. Les salles napoléoniennes, situées au rez de marine du musée, ont été crées pour compléter le Salon napoléonien de l’Hôtel de Ville d’Ajaccio, trop exigu. Elles abritent des œuvres provenant de legs ou de dons, legs Fesch en 1836, ou legs Felix Baciocchi en 1866, legs du duc de Trévise en 1892, legs du baron Larrey en 1896, legs du prince Napoléon Jérôme en 1897, etc.
De nombreuses œuvres napoléoniennes sont exposées parmi lesquelles des portraits remarquables, Letizia Bonaparte par Jacques Sablet, Lucien Bonaparte à Plessis-Charmant du même artiste, Le Roi de Rome dans le jardin des Tuileries et bien d’autres représentations de la famille impériale. Souvenirs divers, depuis des faïences populaires ou des pipes à l’effigie de Napoléon jusqu’à des statuettes ou de petits groupes de bronze (Bonaparte sur un dromadaire en Egypte, Napoléon dans son cercueil à Sainte-Hélène, etc.) complètent ces salles napoléoniennes, dont l’une des pièces maîtresses reste l’habit de colonel des chasseurs de la Garde de l’Empereur, légué à l’Etat français par la famille Murat et remis à la ville d’Ajaccio à titre de dépôt par le président de la République.
Le Second Empire brille aussi avec quelques œuvres importantes dont la Bataille de l’Alma d’Horace Vernet, le Débarquement des troupes alliées en Crimée de Pils, et des portraits de la princesse Mathilde, du roi Jérôme, de Napoléon III, de la comtesse de Castiglione, etc.
L’aile nord du Palais Fesch aménagée sous le Second Empire par Caseneuve héberge la bibliothèque Fesch qui conserve 50 000 ouvrages dont plus de 8000 furent légués par le cardinal. L’aile sud du palais construite par Paccard et Maglioli de 1857 à 1860 abrite la Chapelle impériale où repose le cardinal Fesch et d’autres membres de la famille.
Karine Huguenaud
Pour plus d’information, consultez l’itinéraire Napoléon et la Corse.