Le château de By : château et musée de Rosa Bonheur

Période : IIe République - 2nd Empire/2nd Republic-2nd Empire
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Le château de By : château et musée de Rosa Bonheur
© Musée Rosa Bonheur

Le château de By, dont les fondations remontent au XVe siècle, est situé dans un hameau du village de Thomery, en Seine-et-Marne. Considérablement remanié au XVIIIe s. et resté dans la même famille – les By – comme domaine seigneurial jusqu’à la Révolution, ce lieu avait tout pour plaire à la grande artiste animalière Rosa Bonheur qui en fit l’acquisition en 1859, grâce au produit de la vente de son tableau Le Marché aux chevaux, succès notoire de la peintre au Salon de 1853, puis à l’international. Elle quitte ainsi Paris pour se rapprocher de la nature et échapper au défilement d’admirateurs qui avaient l’habitude de la déranger dans son atelier de la capitale.

Château de By © Archives départementales de Seine-et-Marne
Château de By © Archives départementales de Seine-et-Marne

Cette grande propriété lui permettait de laisser libre cours à sa passion pour les animaux, grâce au grand parc qui l’accompagnait, à l’orée de la forêt de Fontainebleau avec ses cerfs, biches, sangliers qui l’inspirent tant, mais également de lui prévoir un espace de travail plus adapté aux grandes toiles qu’elle avait l’habitude de peindre, contrairement à son atelier parisien devenu trop étriqué.
L’architecte Jules Saulnier lui conçoit ce nouvel atelier en 1860, dans une aile complètement créée et aménagée à cet effet ; outre cet atelier, elle installera un autre espace de travail, moins dur à chauffer en hiver. Rosa Bonheur déménage définitivement au château de By un an après son acquisition, le temps que les travaux soient complétés. Elle y demeurera jusqu’à sa mort, à l’âge de 77 ans, d’une pneumonie, le 25 mai 1899.

C’est dans ce domaine parfois un peu excentrique (Bonheur possédait des animaux exotiques, y compris un couple de lions !), à la bâtisse décorée dans un goût très varié, aux murs desquels se trouvent les animaux empaillés de Rosa Bonheur qui toisent les visiteurs, que l’Impératrice vient lui rendre visite de manière impromptue, alors qu’elle séjourne au château de Fontainebleau, situé à moins de dix kilomètres. Bonheur se voit quelques semaines plus tard invitée à déjeuner au château de Fontainebleau où elle est placée à table aux côtes de l’Empereur. Le Prince impérial viendra régulièrement à By pour voir la ménagerie de Rosa mais aussi pour admirer cette rare femme à être habillée en pantalon !

L'impératrice Eugénie rendant visite à Rosa Bonheur © Château de Fontainebleau
L’impératrice Eugénie rendant visite à Rosa Bonheur en juin 1864 © Château de Fontainebleau

 

C’est toujours dans ces lieux que l’artiste reçoit la Légion d’honneur des mains de la souveraine un an plus tard. ► Lire un récit de la rencontre entre Rosa Bonheur et la famille impériale

 

Atelier de Rosa Bonheur © RFI
Atelier de Rosa Bonheur © RFI

Labellisé en 2011 « Maison des illustres », le château de Rosa Bonheur est resté « dans son jus » grâce à la transmission méticuleuse et dévouée d’Anna Klumpke, sa dernière compagne, elle-même peintre et héritière de Bonheur. Cette préservation ne se dément pas au XXe s. grâce à d’autres propriétaires privés. Les derniers descendants d’Anna Klumpke ont vendu le domaine, le château et son contenu à une propriétaire privée, Katherine Brault, qui entreprend des restaurations et découvre l’immense archive insoupçonné dans les greniers du château. Déterminée à faire renaître la réputation de Rosa Bonheur, elle ouvre le musée au public et accueille des chercheurs et passionnés.

Aujourd’hui, en plus de l’atelier de Rosa, son labo-photo (possiblement le plus ancien laboratoire photographique en existence), son « petit salon » et sa « salle des études » (restés inchangés depuis la mort de l’artiste) on découvre un nouvel espace d’exposition aménagé dans un des greniers (qui peut servir également de salle de séminaire grâce à un aménagement astucieux), et au rez-de-chaussé une librairie, le jardin d’hiver, un restaurant et des chambres d’hôte. On peut même passer la nuit dans la chambre de Rosa Bonheur ou celle de Nathalie Micas ! A la librairie on peut découvrir des éditions du château dont une facsimile de la biographie (1908) de Rosa Bonheur par Anne Klumpke, aussi disponible en version poche, et des ouvrages dédié aux œuvres de Rosa Bonheur.  Le parc arboré qui l’entoure se visite librement, réservant bien des surprises, dont le « pavillon des Muses » peint par Rosa Bonheur et Natalie Micas, les vestiges d’un champ de tir construit par Rosa dans un élan patriotique au moment de l’invasion de la Prusse, et un « arbre remarquable ». Chaque été, son festival pluridisciplinaire vise à faire la promotion des « création féminine et matrimoine », et des résidences d’artistes contemporain(e)s donnent parfois lieu à des installations éphémères. Des expositions thématiques temporaires, ont lieu plusieurs fois par an, faisant état des dernières découvertes sur Rosa Bonheur qui ne s’arrêtent pas de se faire dans les greniers du château.

La visite de l’atelier, le petit salon, et la salle de dessin de Rosa, (qui n’ont presque pas bougé depuis la mort de Rosa Bonheur) ainsi que la nouvelle espace d’exposition et les des expositions temporaires se font uniquement sur réservation et sous forme de guide.

► Voir plus de photos sur site de la « blogazette des Ulis »

Marie de Bruchard, octobre 2022 – Mise à jour : Rebecca Young, janvier 2023

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