Ouvert au public dès 1640, ce jardin fut aménagé progressivement et se para en 1786 d’un kiosque, la première construction métallique de la capitale.
Sous l’Empire, un centre scientifique foisonnant… et ouvert gratuitement au public
Après la chute de l’Ancien Régime, l’histoire du jardin du Roi fut loin de s’arrêter, bien au contraire : un décret de la Convention du 10 juin 1793 transforma le lieu de promenade en muséum d’Histoire naturelle dirigé par les savants eux-mêmes, à travers un collège de douze professeurs dans les matières de minéralogie, chimie générale, arts chimiques, botanique dans le Muséum, botanique dans la campagne, culture, histoire naturelle des quadrupèdes, oiseaux reptiles et poissons, histoire naturelle des insectes, vers et animaux microscopiques, anatomie humaine, anatomie des animaux, géologie, iconographie naturelle.
Daubenton en fut nommé directeur à vie… jusqu’à son décès le 1er janvier 1800. Buffon, son confrère, avait déjà entrepris quelques années auparavant la poursuite de l’aménagement du Muséum, agrandi jusqu’au quai de Seine. En 1800, seul le long bâtiment du Cabinet d’histoire naturelle (abritant laboratoires et collections de plantes, d’insectes, de papillons, d’oiseaux, de mammifères) clôturait le jardin. À son côté se trouvait la maison de l’Intendance où logeaient gardien et directeur.
Ce Cabinet fut le lieu de travail des plus grands scientifiques du tournant du XVIIIe et XIXe s., en particulier sous l’Empire : les naturalistes Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Louis-Jean Marie Daubenton et Jean-Baptiste Lamarck, les zoologistes Bernard Germain de Lacepède et Georges Cuvier, le chimiste Antoine-François Fourcroy. Outre les scientifiques et leurs étudiants, le public était admis gratuitement dans les lieux les mardis et vendredis, de trois heures jusqu’à la nuit, notamment dans la bibliothèque destinée à rassembler toutes les collections d’histoire naturelle.
Le plus vieux zoo au monde
La Ménagerie des bêtes sauvages fut également une création révolutionnaire, initiée en particulier par Bernardin de Saint-Pierre et une loi du 11 décembre 1793, ce qui en fait le plus vieux zoo ouvert au public encore existant au monde. Son aménagement fut poursuivi durant toute la période du Consulat et de l’Empire.
Composée à ses débuts d’animaux de foire exhibés sur la voirie en raison des difficultés d’approvisionnement en animaux sauvages (et au coût de leur entretien), la Ménagerie fut complétée au fur et à mesure l’année suivante par les animaux des ménageries du roi, à Versailles, et du duc d’Orléans, au Raincy. Elle s’étoffa peu à peu : deux éléphants d’Asie, prélevés dans une ménagerie en Hollande, rejoignirent ainsi les lieux en 1798. Les animaux disposaient d’un espace relativement vaste réservé à chaque espèce, en plein air et disposant de verdure, fait novateur. Les herbivores étaient regroupés dans la Vallée suisse, tandis que la Rotonde, conçue sur le plan de la médaille de la Légion d’honneur entre 1804 à 1812, accueillait les fauves. En 1805, une fosse à ours, comprenant trois espaces, fut construite. Tout au long du XIXe siècle, la Ménagerie accueillit d’autres espèces animales : hippopotames, girafes, phoques, bisons d’Amérique et beaucoup de singes. Aujourd’hui, l’évolution des mentalités et des normes internationales des zoo relatives au confort des bêtes fait que les grands animaux ne sont plus hébergés au Jardin des Plantes.
Il est néanmoins resté un lieu de science, de conservation, de découverte et de promenade chéri par les visiteurs, en particulier depuis la réouverture de sa Grande galerie de l’Évolution, unique au monde. Des expositions temporaires complètent le muséum et le parcours de ses autres Galeries. Dernière création en date, au Jardin des Plantes, des animations notamment nocturnes (grandes arbustes sculptés au printemps, objets illuminés en hiver, etc.) sont à voir le long de ses allées depuis 2018.
► Voir un plan détaillé du Jardin sur son site web◄
Présentation par Marie de Bruchard (avril 2023), largement inspirée de l’article de Chantal Prévot : « Le Jardin des Plantes et la Ménagerie au XIXe s. : histoire et témoignages » (février 2009)