Construite à la fin du XVIIe siècle par Jules Hardouin-Mansart, l’église Saint-Louis des Invalides abrite le tombeau de Napoléon Ier depuis la seconde moitié du XIXe siècle, dans une crypte conçue spécialement à cet effet.
1840 : quand Napoléon Ier retrouva Paris, à l’hôtel des Invalides
En cette année 1840, de longues négociations entre la Grande-Bretagne et la France de la monarchie de Juillet venaient d’aboutir : le ministre de l’Intérieur Charles de Rémusat put annoncer à la Chambre des députés le 12 mai le retour des restes mortels de Napoléon à Paris.
Ce projet de retour des Cendres de l’Empereur, proposé par le gouvernement d’Adolphe Thiers au roi Louis-Philippe et adopté définitivement le 26 mai, se prolongea par une loi du 10 juin de la même année qui ordonnait la construction du tombeau de l’Empereur sous le Dôme de Saint-Louis des Invalides, dans la partie réservée aux messes royales durant le règne de Louis XIV.
Chargé de ramener la dépouille de Napoléon, le prince de Joinville, fils du roi, entama son voyage vers l’île du dernier exil de l’Empereur en juillet ; le corps de Napoléon arriva à Paris cinq mois plus tard.
Des funérailles nationales furent célébrées le 15 décembre 1840 à Saint-Louis-des-Invalides pour marquer l’événement.
La difficile construction de la crypte
D’après la loi du 10 juin 1840, parallèlement à l’organisation du voyage vers Sainte-Hélène, un concours devait être organisé pour la construction du monument funéraire destiné à l’Empereur. Il ne fut présenté qu’à partir de mai 1841. En mars 1842, deux projets restaient en lice : celui de Victor Baltard et celui de Louis Visconti, déjà auteur des décors de la cérémonie d’accueil des Cendres, ce qui le favorisa sans doute puisqu’il gagna le concours.
Son cahier des charges n’en restait pas moins ardu du fait de la complexité architecturale du projet qui devait s’intégrer dans le monument d’Hardouin-Mansart sans le dénaturer, d’une part ; du fait de l’aspect politique de sa réalisation, de l’autre : la monarchie de Juillet le souhaitait visible sans être trop imposant ou triomphal.
L’entrée prévue initialement par Visconti devait se faire par une statue monumentale de l’Empereur à l’extérieur de l’église du Dôme ; cette partie du projet sera finalement refusée en haut lieu, dans un souci d’image. les travaux débutèrent en 1843 et connurent nombreuses modifications (l’adjonction des tombeaux des maréchaux du palais Duroc et Bertrand, notamment) et aléas (la proclamation de la Seconde République).
Pendant le temps des travaux, le cercueil impérial avait été installé de façon provisoire dans la Chapelle de Saint-Jérôme. Les abeilles dorées sur les murs de la chapelle de Saint-Jérôme rappellent que la dépouille de l’Empereur y fut déposée temporairement… près de vingt ans !
Son architecte initial ne verra pas achevé la crypte et la mise en place du tombeau. Mort en 1853, Louis Visconti aura pour successeurs Jules Bouchet et, à la mort de ce dernier, Alphonse-Nicolas Crépinet.
C’est finalement sous le Second Empire, en présence de Napoléon III, que le cercueil fut définitivement transféré le 2 avril 1861 dans un sarcophage en quartzite rouge de Kostchoka au centre d’une crypte circulaire sans couvrement. En tout, le projet aura coûté 4 420 000 francs.
Description du monument
L’accès à cette crypte se fait par un escalier menant à une lourde porte de bronze encadrée de deux statues de Duret et surmontée de cette inscription tirée du testament de l’Empereur : Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé.
Le sarcophage est installé sur un socle de granit vert et renferme cinq cercueils emboîtés les uns dans les autres : un de fer blanc, un d’acajou, deux de plomb, un d’ébène. Napoléon y repose dans son uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde orné du grand cordon de la Légion d’honneur, son chapeau sur les jambes.
Au sol, une mosaïque polychrome rappelle les principales batailles de l’Empire tandis que douze statues colossales de Victoires sculptées par Pradier sont adossées aux piliers de la crypte. Une galerie circulaire abrite dix bas-reliefs de marbre blanc de Simart, tous consacrés à l’œuvre de Napoléon.
À mi-parcours de cette galerie, la cella contient le cercueil du Roi de Rome, transféré aux Invalides le 15 décembre 1940 et déposé sous une dalle de marbre dans la crypte le 18 décembre 1969.
Le tombeau est dominé par une statue de Simart représentant Napoléon en Imperator romain.
À l’entrée de l’église, deux chapelles latérales abritent les tombeaux de Joseph depuis mars 1864 et de Jérôme Bonaparte depuis juin 1862. Voir des dessins préparatoires de la Chapelle Saint-Jérôme.
Découvrir un plan des lieux
Karine Huguenot, 2002 ; Marie de Bruchard, 2022
Pour aller plus loin
- Pour les plus jeunes, un Napo Doc sur le tombeau des Invalides
- En savoir + sur Saint-Louis-des-Invalides avant la construction du tombeau de Napoléon sur le site du musée de l’Armée
Sources (ces ouvrages sont disponibles à la bibliothèque de la Fondation Napoléon)
- Les Invalides. grandes éphémérides de l’hôtel impérial des Invalides depuis sa fondation jusqu’à nos jours : description du monument et du tombeau de Napoléon Ier, Colonel Gérard, Plon, 1862
- Le tombeau de Napoléon et l’hôtel des Invalides, éd. de la Goëlette, 1988
- Napoleon’stomb : Vist and history, Céline Gautier, Soteca, 2010