Napoléon et Joséphine ont toujours avoué leur goût pour l’art égyptien, favorisant les commandes aux artistes et manufactures sur ce thème. Ainsi, la paire de feux aux sphinx est un modèle qui est très à la mode sous le Consulat et l’Empire. Ici, le sphinx est couché sur une base creuse décorée de motifs d’entrelacs et de draperie. Devenant les gardiens du foyer, des modèles équivalents se trouvent dans les chambres de Joséphine et Napoléon à Malmaison. De nombreux artistes, comme Feuchère, Raviro ou encore Thomire, réalisent ce type de feux.
C’est aussi Thomire qui réalise l’athénienne (image ci-dessous). Ce sculpteur de génie donne ses lettres de noblesse au métier de bronzier sous l’Empire. Traditionnellement à trois pieds, ce meuble pouvant servir de brûle-parfum, de jardinière ou de lavabo, est transformé en guéridon avec l’ajout du dessus en porphyre. Elle regroupe un certain nombre de motifs égyptiens : les sphinges, la figure égyptienne, les griffes terminant les colonnettes. La vasque quant à elle présente des palmettes et des fleurs de lotus. ► En savoir + sur l’athénienne
Mais le goût et la fascination pour l’Égypte ne s’arrêtent pas avec la chute de l’Empire en 1815. Ils perdurent tout au long du XIXe siècle et ce dans le monde entier : on parle alors d’égyptomanie. Au cœur de cette mode, la Description de l’Égypte demeure une somme d’informations et une source de premier ordre, malgré le manque d’exactitude de l’ensemble de la documentation. Elle est notamment utilisée par un certain Jean-François Champollion (1790-1832). Ce dernier, bercé par les souvenirs de l’expédition d’Égypte, étudie les transcriptions de la Pierre de Rosette rapportées par les savants français en 1801. Découverte le 15 juillet 1799 par un soldat français, elle fait partie des biens archéologiques confisqués par les Anglais lors de la capitulation. Son principal intérêt réside en la présence du décret de Memphis copié en trois écritures : l’égyptien hiéroglyphique, l’égyptien démotique et l’alphabet grec. En 1822, Champollion déchiffre les hiéroglyphes. Il est le premier égyptologue de l’Histoire. Les découvertes relatives à l’Égypte ancienne ponctuent l’ensemble du XIXe siècle. En cela, la campagne de l’armée d’Orient a été une source d’inspiration et donc une véritable victoire !
En complément : « L’Égypte dans le Paris napoléonien », un article de Georges Poisson.
Élodie Lefort
Septembre 2022
Élodie Lefort est responsable des collections de la Fondation Napoléon.