Éditorial
La commémoration des deux cents ans de la mort de Napoléon le 5 mai 2021 n’a décidément pas scellé le sort des célébrations des années du Consulat et de l’Empire et des hommes ou des femmes qui les ont animées. Chaque année, une ou plusieurs figures réapparaissent. En 2023, le grand maréchal du palais, Duroc, et le maréchal Davout semblent tenir la corde. On célèbre en effet les 210 ans de la mort de Duroc et les 200 ans de celle de Davout.
Duroc a un statut particulier dans l’entourage de Napoléon. C’est l’un des plus proches collaborateurs de Napoléon, l’homme chargé de sa sécurité depuis l’installation du Premier consul aux Tuileries en février 1800, le confident à la tête d’une police du Palais qui informe l’empereur de tout ce qui se trame dans ses demeures impériales et au-delà. Né en 1772, fils d’un capitaine des dragons, passé par l’École royale militaire de Pont-à-Mousson, puis par l’École d’artillerie de Châlons dont il sort en 1792, il s’attache à Bonaparte lors de la campagne d’Italie, le suit en Égypte, participe au coup d’État de Brumaire, et est encore à Marengo, gagnant ses galons de général de brigade puis de division, avant d’être promu Grand Maréchal du Palais en 1804. Tout en exerçant ses fonctions auprès de Napoléon, il mène des missions diplomatiques, participe aux diverses campagnes militaires et cumule les honneurs, comme ce titre de duc de Frioul reçu en 1808. C’est du reste parce qu’il est présent sur le champ de bataille qu’il écope d’un boulet de canon le 22 mai 1813. Il n’est pas le militaire le plus brillant de l’épopée, mais il n’en reste pas moins un élément essentiel du dispositif politique construit autour de Napoléon. Sa mémoire ne s’est pas effacée. Il a son avenue à Paris et une station de métro à proximité, dont le nom est parfois modifié, à l’occasion par exemple d’un festival de musique, en « Du Rock ». Sa mémoire s’est aussi conservée dans sa ville natale où une exposition a été organisée pour les 210 ans de sa mort, « Duroc, les images d’un destin », le commissaire en étant Marin Menzin, qui prépare par ailleurs une thèse sur le personnage. Récemment, la Revue de l’Institut Napoléon a publié un article de Danièle Meyrueix, qui résumait les grandes lignes de l’ouvrage qu’elle avait consacré aux origines du Grand Maréchal. Enfin, en cette année 2023, vient de paraître, chez Champion, la correspondance intégrale de Duroc sous l’égide de Jean-Pierre Samoyault et Charles-Éloi Vial, mine de renseignement sur la vie de Napoléon.
Davout conserve lui la réputation d’être le seul maréchal à n’avoir jamais perdu une bataille. La ville d’Auxerre s’est souvenue que Davout était un enfant du pays. Il est né en effet à Annoux, village situé au sud-est du département de l’Yonne, le 10 mai 1770, mais c’est Auxerre que choisit la fille du maréchal, Louise Adelaïde de Blocqueville, pour établir un petit musée en mémoire de son père. Situé dans l’ancien palais des comtes d’Auxerre, la salle d’Eckmühl a été inaugurée en 1882. Elle rappelle depuis le souvenir de Davout. Mais à l’occasion du bicentenaire de sa mort, l’ancien palais a aussi accueilli une remarquable exposition Davout, dont le commissaire était Alain Cattagni, président de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne. L’accent y était mis sur la dimension militaire, sans oublier l’homme privé. Un catalogue rend compte de cet événément. Savigny-sur-Orge est l’autre grand lieu de mémoire de Davout. Ce dernier y avait son château et son souvenir y est encore très vif. Forte d’un riche musée Davout, Savigny se devait de fêter son grand homme et n’a pas manqué de le faire par diverses manifestations (reconstitutions, bivouac, conférences dont celle de Jean Tulard), au cours du mois de juin 2023. Enfin la mémoire du duc d’Auerstadt continue aussi à perdurer grâce à l’association Souvenir du maréchal Davout, au sein de laquelle les membres de sa famille sont fort présents. Jacques-Olivier Boudon, président de l’Institut Napoléon
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