Le paquetage du fantassin napoléonien

Auteur(s) : HOUDECEK François
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À son arrivé dans son unité, le soldat reçoit un équipement complet (uniforme et arme) dont il est responsable. Tant qu’il sera militaire, il devra en garantir la plus grande propreté et pour son arme le parfait fonctionnement. En garnison comme en campagne, l’entretien de ces effets occupe une grande part du temps du soldat. Selon les règlements, le paquetage complet du fantassin napoléonien doit peser environ 20 kg, mais dans les faits les soldats emmènent toujours plus de choses et transportent jusqu’à 30 kg sur les routes d’Europe.

Le paquetage du fantassin napoléonien
Grenadier de la Garde, Nicolas Toussaint Charlet © Musée du Louvre

Shako

Shako de 1806 © DR
Shako de 1806 © DR

En 1806, le shako est adopté pour remplacer le traditionnel chapeau de feutre à deux ou trois cornes. La forme cylindrique du schako, réhausse la silhouette du soldat et protège plus ou moins efficacement les coups de sabre portés à la tête. La visière très basse est efficace contre le soleil, un peu moins contre la pluie. Surtout, cette visière oblige le soldat à se redresser pour adopter une attitude martiale, d’autant que la coiffure doit être portée parfaitement verticale sur la tête. Certains modèles de la fin de l’Empire sont complétés d’un couvre-nuque qui évite que la pluie ne dégouline dans le cou.

La coiffure est maintenue sur la tête par des jugulaires de cuir cousues d’écailles de cuivre qui servent de protection aux joues du soldat. Cette coiffure est ornée les jours de parades d’un cordon de schako (supprimé en 1810 mais conservé par certaine unité) et surmontée d’un plumet puis d’une houpette (pompon) de la couleur de la compagnie du soldat. Malgré des tentatives de réglementation pour uniformiser les coiffures, il existe de nombreuses différences entre les régiments tant dans la forme que dans la plaque de cuivre qui, ornant le devant de la coiffure, porte le numéro du régiment. En campagne, cette coiffure sert de stockage pour de menus équipements, voire de garde-manger !

Uniforme

Les jeunes soldats sont fiers d’être dotés de leur premier uniforme et ce même si l’habit distribué n’est souvent pas neuf. L’habit « à la française » du début de l’Empire est très proche de celui de 1793 par la couleur, le bleu national, et par la coupe, du règlement de 1786. Ample en 1800, la silhouette des uniformes se resserre, et la taille de l’habit se remonte, les années suivantes. Ces changements se sont réalisés sans prendre en compte le confort des soldats et sans uniformité.
Les culottes, les guêtres et les bas que doivent porter les soldats sont considérés comme une gêne lors des marches. Souvent après le premier bivouac ces effets sont abandonnés en chemin car « l’ignoble culotte » comme l’appelle Elzear Blaze serre « le jarret » et l’empêche de marcher librement. Ces effets abandonnés sont remplacés par le pantalon ample fourni au fantassin dans son paquetage, qui est plus adapté à la vie en campagne. Pour se protéger de la pluie et du froid les soldats ont également, à partir de1806, une capote de drap gris ou beige.

En 1811, à la demande de Napoléon, une commission dirigée par le colonel Bardin revoit tous les habillements de l’armée en prenant en compte le soldat et son bien-être. Le nouveau règlement est publié en janvier 1812. Il entérine pour le soldat d’infanterie un habit-veste de coupe plus ample portant des basques courtes pour ne pas gêner la marche. Dans la même optique, la culotte est abandonnée au profit du pantalon serré dans le bas par des guêtres pour éviter que des cailloux ne rentrent dans la chaussure. C’est dans cet uniforme que les soldats de l’Empire combattent après 1812.

Chaussures

Les chaussures sont un élément stratégique, et une constante préoccupation pour Napoléon. À son incorporation ou au début d’une campagne, le soldat a trois paires de souliers, dont on ne distingue pas le pied droit du pied gauche.

Chaussures d'un fantassin sous le Premier Empire © DR
Chaussures d’un fantassin sous le Premier Empire © DR

Les semelles sont cloutées, et il n’existe que trois tailles. Souvent confectionnés de mauvais cuirs, les souliers se détériorent après quelques jours de marche. Portées sans chaussette, pour assouplir le godillot et les pieds, il est conseillé d’enduire l’intérieur avec un mélange d’œuf, de suif et d’eau-de-vie. Pour tenter de se garantir du froid pendant les campagnes d’hiver, les soldats peuvent garnir les chaussures de feutre.

Havresac

Havresac d'un fantassin sous le Premier Empire © DR
Havresac d’un fantassin sous le Premier Empire © DR

Pour porter ses effets de rechange, le fantassin est doté d’un havresac fait de peau de vache et supporté par deux bretelles. L’intérieur de ce sac à dos est composé de quatre compartiments. Celui du fonds renferme les effets de rechange : deux chemises roulées, les bas, les mouchoirs, le col, les guêtres, puis au-dessus se trouve le pantalon de toile ou de tricot. La trousse du petit matériel (épingle, fil, patience (pour les boutons), blanc pour les buffleteries, etc…) pour entretenir l’uniforme est rangée dans un coin. La double poche doit contenir les souliers, la brosse, la cire à giberne et le linge sale.

Par beau temps, la capote est portée sur le havresac et attachée au moyen de deux courroies. En garnison le sac reste dans la chambrée et est inspecté tous les mois. En campagne, il sert d’oreiller, de buffet ou de fauteuil. Lors des batailles le soldat doit conserver son havresac sur le dos. À ces effets portés dans le sac s’ajoutent des effets de campement (outils, marmite) répartis entre les hommes composant la compagnie.

Fusil et giberne

Le fusil modèle 1777 est l’arme principale du fantassin. Modifié en l’an IX et l’an XIII, il a été produit à près de 2 millions d’exemplaires. Sans la baïonnette, il mesure 1,515 m,  qui est la taille minimum du soldat pour qu’il puisse facilement charger l’arme par le canon. Dans les unités, les fusils sont marqués à la lettre de la compagnie et au numéro de l’homme, toute autre marque ou personnalisation est proscrite. Dans les premières semaines de son incorporation le soldat apprend à manier son fusil puis à tirer. Chacun doit impérativement savoir l’entretenir et ne pas le perdre sous peine de forte amende. Sur le fusil se monte une baïonnette qui transforme l’arme à feu en arme blanche.

Giberne d'un fantassin sous le Premier Empire © Musée du château de l'Emperi
Giberne d’un fantassin sous le Premier Empire © Musée du château de l’Emperi

Les munitions sont conservées dans une giberne de cuir noir que porte le soldat. La giberne peut porter jusque 35 cartouches. Elle sert également à transporter une fiole d’huile pour l’entretien de l’arme ainsi que les pierres à fusil et plombs de rechange. L’entretien des gibernes est très important, notamment son étanchéité doit être assurée par un cirage régulier.

Arme blanche

Les soldats ont comme arme blanche complémentaire un sabre dit « briquet ». Ce sabre est plus souvent utilisé comme outil à tout faire plus que comme véritable arme offensive ou défensive. De ce fait, Napoléon décide en 1807 de ne les donner qu’aux grenadiers et sous-officiers, puis en 1809 de les remplacer par des outils (hache et pic). Devant le mécontentement des soldats, et le poids du matériel de remplacement, le projet est abandonné.

Sabre briquet d'un fantassin sous le Premier Empire © DR
Sabre briquet d’un fantassin sous le Premier Empire © DR

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Titre de revue :
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