Point d’histoire > Napoléon et les colonies (lecture : – de 3 min.)

Auteur(s) : FONDATION NAPOLÉON
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En s’appuyant sur les études les plus récentes, « Point d’histoire » vous propose une synthèse courte, claire et précise, sur un sujet de l’histoire napoléonienne.

La situation à la fin de l’Ancien Régime

À la fin de l’Ancien Régime, les gouverneurs et les intendants du roi de France gouvernaient d’importantes possessions aux Antilles (Saint-Domingue, Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante, la Désirade, les Saintes, une partie de Saint-Martin, Sainte-Lucie et Tobago), en Amérique du Sud (Guyane), en Amérique du Nord (Saint-Pierre-et-Miquelon), sur les côtes africaines (Saint-Louis du Sénégal), dans l’Océan Indien (Île de France -Maurice-, Île Bourbon -Réunion à partir de 1793-, Seychelles) et aux Indes, avec cinq comptoirs (Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor).

Ces positions étaient respectables mais bien en-deçà, sur le plan territorial, de ce que possédaient d’autres puissances européennes telles l’Espagne (70 % du domaine colonial total), le Portugal et l’Angleterre. La France portait tout de même quelques jolies perles, dont la principale était Saint-Domingue, productrice de près d’un tiers de la canne à sucre mondiale.

Les colonies et la Révolution française

Avec la Révolution française, la reprise des hostilités entre la France et l’Angleterre (1793), les velléités d’indépendance des colons, les révoltes puis les émancipations d’esclaves, la décision de certains États de proscrire la traite (Angleterre, Danemark, etc.) et une implacable guerre maritime désorganisèrent un système qui avait contribué à la richesse des métropoles portuaires européennes. Les Anglais occupèrent certaines colonies françaises, hollandaises et espagnoles.

La politique de Napoléon sous le Consulat

Convaincu que le commerce extérieur était une des principales clés de la prospérité, Napoléon entreprit dès son avènement de reprendre en main l’empire colonial français, ici en révolte, là occupé par les Anglais.

Ce projet se concrétisa par une sanglante reconquête des Antilles, qui, un temps favorisée par la paix d’Amiens, s’acheva dans la défaite à Saint-Domingue et par une féroce répression en Guadeloupe. Ailleurs, un contingent français sous les ordres du général Decaen fut envoyé aux Indes, en mars 1803. Arrivé à Pondichéry en juillet, il se heurta aux Britanniques qui refusèrent de restituer les cinq comptoirs, en dépit du traité de paix. Decaen reprit la mer et se replia sur l’Île de France (Maurice) où il stationnera pendant plusieurs années. À la fin du Consulat, malgré le volontarisme et les moyens militaires mis en œuvre, la France avait moins de colonies qu’à la fin de 1799 et elle était rentrée dans le rang des nations esclavagistes ordinaires, avec le rétablissement de l’esclavage de 1802.

L’échec de la politique coloniale de l’Empire

Napoléon prolongea cette « guerre mondiale », mais sans aucun succès. En quelques années, l’empire colonial français fut englouti. La Petite Terre (février 1808), la Désirade et Marie-Galante, à trente kilomètres de la Guadeloupe (mars 1809) furent prises par les Anglais. Attaquée par les Portugais, la Guyane dut capituler en janvier 1809. Le 24 février 1809, ce fut au tour de la Martinique. Le 15 juillet suivant, l’aventure française s’acheva aussi dans la partie espagnole de Saint-Domingue. Le 4 février 1810, la Guadeloupe fut prise à son tour par des troupes anglaises appuyées par une puissante guérilla composée de Noirs et de Métis ne pardonnant pas les massacres de 1803.

L’échec français fut tout aussi cinglant dans l’Océan Indien. La Réunion se rendit le 9 juillet 1810 et Maurice en décembre suivant. Les Anglais prirent le contrôle du comptoir de Tamatave, sur l’île de Madagascar, en février 1811, et des Seychelles, cinq mois plus tard, tandis que les colonies hollandaises de l’actuelle Indonésie chutaient à leur tour. En Afrique, Saint-Louis du Sénégal avait capitulé depuis le 13 juillet 1809.

Conséquences après la chute de Napoléon

L’échec colonial de l’Empire fut total. Les représentants français au Congrès de Vienne durent batailler ferme pour récupérer quelques îles ou comptoirs. À long terme, cette défaite favorisa des bouleversements géopolitiques majeurs. Et d’abord, une durable domination britannique sur le commerce mondial et un retard français qui ne fut compensé -et encore partiellement- que dans les décennies suivantes. À plus long terme, l’absence de la France et de l’Espagne sur le théâtre américain et, singulièrement, antillais profita aux États-Unis, puissance émergente placée sur une trajectoire ascendante que rien n’allait plus infléchir jusqu’à nos jours.

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10 décembre 2020

 

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