Sélection de l’été 2023

Auteur(s) : EQUIPE DE LA FONDATION NAPOLÉON
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Alors que la période estivale approche à grands pas, il est temps de découvrir notre sélection de l’été 2023. Les collaborateurs de la Fondation Napoléon partagent leur choix pour apprendre, (re)découvrir, approfondir, se divertir, voyager, explorer. Il y en a pour tous les genres, pour tous les goûts. Alors n’hésitez pas, choisissez sans tarder les ouvrages qui vous accompagneront cet été !

Notre sélection de l’été 2022, spécial Poches, reste toujours à votre disposition pour plus d’idées.

Juin 2023

Sélection de l’été 2023

Pierre Branda, directeur scientifique

Jean Tulard, L’empire de l’argent. S’enrichir sous Napoléon, Tallandier, 2023,  208 p.
« La fortune sourit aux audacieux », voilà un proverbe que ne dément pas l’excellent ouvrage de Jean Tulard consacré à ceux qui ont rencontré le succès financier sous l’Empire. Prenons le seul exemple des corsaires, intrépides et qui, tels que Surcouf, ont réussi à gagner de belles primes lors de leurs expéditions militaires.
Mais il n’y eut pas que des aventureux loin de là. Jean Tulard nous peint un Empire d’argent réservé à l’élite napoléonienne, des militaires aux civils. Une France de notables, en somme, qui profita des lois nouvelles comme de l’élan économique impulsé par le régime impérial.
On aurait cependant tort de n’y voir qu’une sorte de course à l’argent parmi quelques privilégiés. On découvre un système économique en train de naître qui, s’il ne tend pas toujours à l’égalité, encourage les initiatives et accélère ainsi le développement d’un pays sur le chemin de la modernité. Faire fortune sous Napoléon c’est aussi enrichir le pays, même s’il y eut quantité d’opportunistes. Avec le grand talent qu’on lui connaît, Jean Tulard réussit là une synthèse parfaite associant habilement de savoureuses histoires personnelles et de pertinentes réflexions d’ensemble.

Marie de Bruchard, web-éditrice

Jérémie Halais, La prison du Mont Saint-Michel. 1792-1866, Lemme Edit, 2022, 336 p.
Depuis Étienne Dupont (curieusement né la même année qu’a été définitivement fermée la prison du Mont Saint-Michel) et son étude des prisons de l’abbaye (1913), personne n’avait fait le récit détaillé et précis des conditions de détention sur le fantastique rocher de la Manche.
Jérémie Halais comble ce vide en s’intéressant à l’histoire de ce milieu carcéral si particulier de la Révolution à sa fermeture sous le Second Empire.
Un ouvrage qui dépeint aussi bien la nature des incarcérés (à cet effet, le scrutement sociologique opéré par l’auteur sur la population carcérale de 1817 à 1864 dans le 7e chapitre est particulièrement intéressant), de ceux qui les encadrent mais également l’évolution physique, topographique du monument détourné (où seront enfermés notamment des prêtres réfractaires). Devenue maison centrale sous Napoléon, de fonctionnement quasi privatisé à la suite de la chute de l’Empire, l’abbaye-prison émeut par son état de délabrement progressif nombre d’artistes au cours du XIXe s. si bien que Napoléon III en décidera la fermeture par décret impérial en 1863.  Il fallait une synthèse qui raconte l’histoire de ce lieu si unique par sa géographie, tant et si bien que même celle de l’abbaye de Fontevraud, monument religieux et historique lui-même prison sous l’Empire, ne peut lui être comparée.

Camille Crunchant, responsable des réseaux sociaux

Xavier Mauduit, Napoléon III, PUF, 2023, 256 p.
Abondamment décrié par les contemporains – en tête desquels Victor Hugo -, le Second Empire est très – trop ? – souvent dans l’ombre du Premier, au point que certains évoquent une « légende noire » qui le poursuit encore largement aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle il est important d’observer la vague actuelle des biographies, des ouvrages, des colloques et manifestations scientifiques qui traitent du Second Empire, et qui remettent en lumière la modernité, les avancées sociales et l’industrialisation d’une grande partie de la France qui ont marqué cette période.
Historien et spécialiste du règne de Napoléon III, Xavier Mauduit nous livre ici une étude claire et synthétique de la période 1848-1870, qui détaille ce qu’était alors la vie politique française et l’ascension fulgurante de Louis-Napoléon. Bien que cet ouvrage soit abordable pour les non-spécialistes, il est extrêmement complet et englobe l’ensemble des faits sans rien laisser dans l’ombre. C’est passionnant ! Xavier Mauduit a le don, sur les ondes ou à l’écrit, de donner vie à un temps révolu et il possède cette brillante capacité de synthèse qu’on aimerait tous avoir !
Napoléon III était-il un imposteur ou un visionnaire ? Subtile question, à laquelle Xavier Mauduit répond en soulignant qu’à tout le moins, il mérite probablement l’indulgence !

Irène Delage, cheffe du service Médiation et documentation numérique

Édouard Vasseur, L’Exposition universelle de 1867, éditions Perrin, 2023, 368 p.
Du 1er avril au 3 novembre 1867 (les récompenses ont été remises entre-temps, le 1er juillet), Paris présente dans son Exposition universelle 52 000 exposants venant de 32 pays. Les enjeux sont nombreux, économiques, sociaux, politiques, diplomatiques. Tout est fait pour accueillir et marquer durablement les milliers de visiteurs chaque jour, accentuant le développement du tourisme parisien. Mais le sous-titre de l’ouvrage révèle aussi le contexte de cet événement exceptionnel : alors que la capitale brille de mille feux, accueille des visiteurs prestigieux, célèbre les innovations techniques et les arts, met en valeur les réalisations régionales françaises, et envisage, aussi, les questions sociales, la situation politique, intérieure et étrangère, annonce des heures plus sombres, jusqu’à la chute de l’Empire seulement trois ans plus tard. Édouard Vasseur passe en revue et analyse les nombreux aspects relatifs à cette édition des Expositions universelles, les coulisses et les mises en scène de son organisation, forcément complexe, de son déroulement, ses bilans contrastés, révélant un instantané de la société française dans cette deuxième moitié du XIXe siècle, face à de nouveaux concurrents (états allemands, américain) et d’anciens (Royaume-Uni) toujours bien présents. On apprend beaucoup et surtout on comprend beaucoup grâce à cet ouvrage où érudition et analyse sont heureusement mêlées grâce à un style concis et très agréable à lire. Un cahier central réunit des plans et vues d’ensemble, des photos de pavillons et d’espaces d’exposition, apportant une dimension visuelle au sujet.

Emmanuelle Duprez, hôtesse d’accueil

Jean-Paul Eyrard & Nabil Malek, Le comte Rochaïd Dahdah (1813-1889), Seigneur des Deux-Rives, du Mont-Liban à Dinard, 2023, 320 p.
Intellectuel polyglotte tour à tour négociant, journaliste, spéculateur et promoteur immobilier, le Comte Rochaïd Dahdah, témoin des changements et de la modernisation du XIXème siècle le traverse aux côtés des  »Grands » de ce monde.
Proche du duc de Morny, du baron Haussmann et des grands intellectuels du monde pan arabique, ce libanais calculateur et souvent opportuniste ne cesse, sa vie durant, de se hisser vers les sphères du pouvoir.
Entre grandes réceptions mondaines et salons feutrés, entre réussites et revers de fortune, du Liban à Dinard en passant par Marseille, Paris, Londres et la Tunisie et entre enjeux religieux, culturels, politiques et financiers découvrez les milles vies du mystérieux Comte qui sont dignes d’un roman !
A lire sur la plage, à Dinard ou ailleurs…
Ayant des affinités bretonnes et particulièrement avec la côte d’Émeraude j’ai beaucoup aimé découvrir un pan de l’histoire de la station balnéaire de Dinard.
On salue le remarquable travail fourni et détaillé des historiens et de l’association Histoire et Patrimoine de Pays Dinard/Rance/Emeraude pour cette belle découverte.
ATTENTION : Cette publication est l’œuvre d’une association. Pour l’obtenir, il faut le commander sur le site internet : www.patrimoine-dinard.fr

François Houdecek, responsable des projets spéciaux

Sylvain Venayre, Les guerres lointaines de la paix, civilisations et barbarie depuis le XIXe siècle, Paris, Gallimard, 2023.
L’été est propice aux voyages et à la découverte de contrées lointaines. Elle est propice aussi aux lectures un peu déconcentrées de l’histoire purement napoléonienne ! Encore que Sylvain Venayre dans Les guerres lointaines de la paix ouvre son étude sérieuse et documentée des conflits principalement post 1815 par des guerres qui sont en partie des conséquences directes du conflit napoléonien. Il poursuit ensuite sur des conflits un peu oubliés des mémoires nationales européennes, ou dont nous avons une image déformée. Car on a longtemps écrit et enseigné qu’après Waterloo s’ouvrait une période de paix. Réalité en partie vraie pour l’histoire occidentale européenne, mais c’est oublier que les puissances du vieux continent portèrent leur bellicisme vers les lointains ouvrant l’ère de ce qu’aujourd’hui nous appelons les OPEX. Entre 1815 et 1914, ces opérations militaires, coloniales ou non, mirent en jeu des moyens humains et matériels considérables pour porter les forces armées aux quatre coins du monde. Guerre contre l’esclavage illégale en Afrique, guerre de libération de la Grèce, guerre du Mexique, opérations en Chine ou en Afrique du Sud sont quelques-uns des conflits que Venayre explore. Il retrace les opérations à grands traits, mais se penche plus longuement sur leur présentation et leur mise en forme pour les opinions publiques des pays concernés. Car sous couvert de pacification, de commerce ou de civilisation, elles furent l’occasion, de multiples exactions que les historiens mettent désormais en lumière. Venayre souligne également, et c’est plus nouveau, les oppositions à ces opérations militaires qui ne rencontrèrent pas le consensus que les gouvernants auraient pu attendre, et que l’on a longtemps présenté. Le libéral Guizot put ainsi opposer les guerres sérieuses, pour les peuples et leur liberté, et les aventures fantaisistes des gouvernements qu’étaient les opérations militaires lointaines. Surtout, les opposants à ces guerres inventèrent de nouveaux moyens de signifier leur désaccord en multipliant les pétitions ou en mettant en place ce qui deviendra le boycott, moyens de pression qui restent la base des actions citoyennes contemporaines. Ce livre est une lecture de plage un peu studieuse, mais qui est passionnante de découverte !

Élodie Lefort, responsable des collections 

François Baranger, Ars Obscura – Tome 1 Sorcier d’Empire, Denoël, 2023, 481 p.
Qui dit été, dit détente, farniente et lecture au bord de l’eau. Ce n’est pas pour autant qu’on oublie la période du Premier Empire, mais cette fois-ci à travers un regard différent, peut-être même déroutant. La saga Ars Obscura nous plonge dans la France de 1815, celle où Napoléon domine l’Europe et où même l’Angleterre n’a plus que le rôle de province.
Pour y parvenir, l’Empereur a été aidé par les talents d’un sorcier qui lui a permis de transformer ses victoires militaires en magnifiques exploits. Seulement voilà, tout n’est pas rose dans l’Empire et certains commencent à douter.
François Baranger arrive à nous plonger dans un univers pourtant connu, mais si différent, à travers le destin de plusieurs héros. Alors que les ennemis russes semblent préparer une riposte, quelle sera la stratégie de Napoléon ? Ce livre est une vraie pépite qu’on a beaucoup de mal à décrocher.
Pour ma part, les nuits blanches se sont enchaînées à sa lecture tant je ne pouvais m’arrêter. Cette uchronie est une réussite et il me tarde déjà d’en lire la suite qui arrive en librairie en septembre prochain.

Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon

Aline Voinot, Mathilde, Juliette, Bonaparte et les autres, éditions De Borée, collection « Vent d’histoire », 272 p.
Puisque c’est l’été et que nous devons nous détendre intelligemment, j’ai choisi ce premier roman d’Aline Voinot pour nous accompagner. Tous les personnages y sont vrais, sauf Mathilde, l’héroïne. Cousine de province de Mme Récamier, elle se retrouve jetée dans les salons et la vie politique du Consulat et des débuts de l’Empire. Un roman documenté et historiquement impeccable, mais aussi charmant et réussi. Il y a du Robert Merle dans cette aventure de la jeune Mathilde.

Chantal Prévot, responsable des bibliothèques

 Annie Jourdan, Le rendez-vous manqué : Germaine de Staël une femme d’influence face à Napoléon, éditions Flammarion, 2023, 400 p.
Joli titre qui résume la longue et tumultueuse relation entre ces deux êtres conscients de leur supériorité intellectuelle, épris de pouvoir, et tout aussi séducteurs et comédiens l’un que l’autre. D’une plume légère et précise, Annie Jourdain rend un hommage appuyé à la femme d’exception que fut Germaine de Staël sous bien des chapitres, politique, littéraire, mondain, amical, amoureux. Exigeante et généreuse, brillante et recherchant désespérément un homme à la hauteur de son père, la plus que célèbre fit de sa vie, elle-aussi, un roman.

Timothée Richard, alternant

Fabien Conord, Jean-Philippe Rey & Gilles Vergnon, Les Napoléon en Républiques (1870-2022), éditions Baume Rousse, 2022, 264 p.
Un livre très intéressant qui permet de comprendre comment Napoléon a-t-il été perçu depuis la troisième république, notamment à travers son héritage en fonction des tendances politiques et des commémorations voulues par différents gouvernements, comme en 1921 et en 1969. Ce livre confirme bien une chose essentielle : Napoléon continue de faire parler de lui en bien comme en mal, et a encore de belles années devant lui.  « Napoléon est une part de nous » disait Macron lors bicentenaire en 2021, ce livre confirme cette idée.

Rebecca Young, web-éditrice

Étienne Chilot, Un jardin pour Eugénie, éditions Charmoiset, 2023, 224 p.
Primé par la Fondation lors de sa parution en 2014 et récemment réédité, enrichi de nombreux nouveaux documents rares dénichés par l’auteur, Un Jardin pour Eugénie revient sur le chantier colossal du jardin rêvé par l’ex-impératrice autour de la villa Cyrnos. Doublement endeuillée, sa santé fragilisée par son exil anglais, Eugénie avait choisi un terrain aride et rocheux, presque impossible à travailler. L’ouvrage, conçu par Ludwig Winter, paysagiste allemand, nécessita tout le génie de son jeune collaborateur de 26 ans, Giovanni Pizzi, mais également l’énergie d’une trentaine d’ouvriers, mobilisés près de deux années. C’est le même Giovanni Pizzi qui assurera, pendant les 29 années qui suivront, la mission de jardinier en chef du domaine. En s’appuyant sur de nombreux témoignages – dont ceux de Franceschini-Pietri, l’homme de confiance de Napoléon III, Daudet ou encore Cocteau -, l’auteur fait revivre pour nous, jusque dans ses parfums, ce jardin haut en couleurs, qui a vu défiler de nombreuses personnalités de l’époque, mais a surtout été un havre de paix pour Eugénie, où elle a trouvé repos et réconfort dans les dernières années de sa vie.

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