Une chronique d’Élodie Lefort : « De nouvelles pépites pour les collections, visibles dans un nouvel écrin »

Auteur(s) : LEFORT Élodie
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Depuis quelques semaines, les collections de la Fondation Napoléon bénéficient d’un nouvel écrin… numérique ! Le catalogue en ligne des collections propose 1 951 fiches détaillées, beaucoup illustrées de photos révélant de véritables chefs d’œuvre sous toutes les coutures. Avant de parler de ce nouveau site, arrêtons-nous quelques instants sur les récentes acquisitions de la Fondation Napoléon.

Une chronique d’Élodie Lefort : « De nouvelles pépites pour les collections, visibles dans un nouvel écrin »
© Fondation Napoléon/Rebecca Young

2021 et 2022 ont été des années fastes avec de nombreuses œuvres qui ont rejoint les collections. Centrées principalement sur les représentations des deux Empereurs ainsi que de leurs proches, on compte parmi elles le portrait de Napoléon Ier par l’atelier du Baron Gérard, le portrait de Napoléon III par Eugène-Paul Dieudonné d’après Franz Xaver Winterhalter ou encore une série de miniatures de Sophie Liénard représentant les grands de la cour de Napoléon Ier.

En 2024, en plus de nombreux dons reçus par la Fondation Napoléon, nous avons acquis un nouveau portrait issu de cette série de miniatures réalisée par Sophie Liénard : celui de Paul Barras (1755-1829). Cette entrée dans les collections est intéressante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle complète la série de miniatures de Sophie Liénard que la Fondation Napoléon possédait déjà. En tout, ce sont quinze portraits de Napoléon Ier et proches de l’Empereur que comptent les collections. Cet ensemble permet de mettre en avant une artiste du XIXe siècle. Sophie Liénard, née Girard, débute sa carrière de peintre sur porcelaine dans les années 1820. Après 1831 et son mariage avec Justin Liénard qui exerce le même métier, elle continue d’évoluer dans les sphères de la peinture sur porcelaine. Si son époux est élève de Marie-Victoire Jaquotot (dont la Fondation Napoléon possède un beau portrait de Napoléon Ier) et travaille pour la Manufacture de Sèvres, Sophie semble s’être liée avec la Manufacture Rihouet. Située à Paris, cette entreprise familiale est connue pour l’excellence et la finesse de sa porcelaine dure. En activité jusqu’en 1853, la manufacture est proche de la famille d’Orléans et obtient le statut de « Manufacture du Roi ». Cela nous donne une possible indication sur le commanditaire de cet ensemble de miniatures des personnes illustres du Premier Empire. Il est probable que la commande émane d’un proche du roi Louis-Philippe. Parmi eux, Philippe d’Orléans, son fils, semble beaucoup apprécier les portraits reproduits sur porcelaine. L’intérêt de cette technique réside dans les différentes cuissons qui figent irrémédiablement les couleurs dans la porcelaine. Or, au XIXe siècle, on se rend compte que l’action des vernis sur les toiles ou les panneaux peut ternir les peintures originelles. Beaucoup d’œuvres sont ainsi reproduites tout au long du XIXe siècle avec pour but de conserver, d’assurer une inaliénabilité des œuvres ainsi que de varier les formats.

Par ailleurs, cette acquisition du portrait de Paul Barras présente un sérieux intérêt puisque l’iconographie de ce personnage illustre de la période révolutionnaire est assez peu fournie. On lui connait principalement un portrait, aujourd’hui conservé au musée Carnavalet, ainsi qu’un autre portrait (auteur et lieu de conservation non identifiés) et quelques lithographies. Pour l’histoire napoléonienne, Paul Barras est un personnage important. Homme fort de la Révolution, il amène à la transition vers le Directoire dès 1795. La même année, il découvre un certain général Bonaparte qu’il soutient lors de ses démarches. Le portrait par Liénard représente Paul Barras en costume de directeur sous le Directoire. On reconnait l’habit-manteau bleu aux motifs végétaux, ainsi que la cape rouge brodée. Pour réaliser cette œuvre, Sophie Liénard s’est inspirée d’une lithographie réalisée par Nicolas-Eustache Maurin en 1826 et reproduite dans un ouvrage de François-Séraphin Delpech.

Toutes les œuvres récemment entrées dans les collections sont en ligne sur le nouveau catalogue des collections de la Fondation Napoléon. Les fiches d’œuvres, plus détaillées, permettent de réaliser de véritables recherches, mais également d’identifier avec plus d’exactitude de potentiels emprunts pour une exposition. Une rubrique regroupant les chefs-d’œuvre permet en un coup d’œil de découvrir ou redécouvrir les pièces phares qui font la richesse des collections. Enfin, une rubrique vous donnera accès aux actualités des collections, pour suivre le voyage des œuvres mobilisées pour des expositions, découvrir les nouvelles acquisitions ou observer les opérations de restauration. La Fondation Napoléon a pensé cette nouvelle version de son catalogue pour la rendre plus ludique, plus ergonomique afin que chacun y trouve l’information qu’il cherche. Il ne vous reste plus qu’à aller y naviguer !

Élodie Lefort, responsable des collections de la Fondation Napoléon (septembre 2024)

Voir le nouveau site des collections de la Fondation Napoléon

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