Théâtre de la Ville, ancien Théâtre Lyrique, place du Châtelet (Gabriel Davioud, 1860-1862)

Période : IIe République - 2nd Empire/2nd Republic-2nd Empire
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Théâtre de la Ville, ancien Théâtre Lyrique, place du Châtelet (Gabriel Davioud, 1860-1862)
Théâtre de la Ville, place du Châtelet, photo Pline CC BY-SA 3 0

En 1862, la place du Châtelet, dégagée sous le Premier Empire, est agrandie et accueille deux édifices artistiques majeurs, le Théâtre Impérial du Châtelet et le Théâtre Lyrique, tous deux conçus par l’architecte Gabriel Davioud.

Plan de masse des deux théâtres de la place du Châtelet et de leurs abords, in Daly et Davioud, Architecture contemporaine. Les Théâtres de la place du Châtelet : Théâtre du Châtelet ; Théâtre lyrique [...], 1865, page 7 (BnF/Gallica ark:/12148/bpt6k1520347c)
Plan de masse des deux théâtres de la place du Châtelet et de leurs abords, in Daly et Davioud, Architecture contemporaine. Les Théâtres de la place du Châtelet : Théâtre du Châtelet ; Théâtre lyrique […], 1865, page 7 (BnF/Gallica ark:/12148/bpt6k1520347c)

Depuis l’origine, le Théâtre de la Ville appartient à la ville de Paris. Incendiée en 1871 pendant la Commune de Paris, la salle Davioud dut être reconstruite en 1874, par l’architecte originel. En 1966, de grands travaux furent entrepris pour moderniser le théâtre, et la salle de Davioud fut totalement reconstruite pour correspondre aux nouvelles normes de confort et de sécurité. Sont inscrits partiellement, par arrêté du 6 décembre 1990, Monuments historiques et protégés à ce titre les façades et toitures (cad. AD 0061). Fiche base Mérimée

Un nouveau style de théâtre
Alors que se développaient des salles de café-concert et des édifices accueillant différents types de spectacles voire d’autres activités (théâtres, bals, réunions publiques et politiques), la conception des deux théâtres du Châtelet ne pouvait passer à côté des nouveaux usages, des lieux de consommation et des boutiques furent donc prévus aux angles et aux façades latérales, devenant également une manne financière non négligeable.
Les évolutions technologiques permirent de moderniser considérablement la prise en compte de nombreux aspects, par exemple la réduction des risques d’incendie : éclairage, chauffage et ventilation, gestion des flux de spectateurs, gestion mécanique des décors et mises en scène. L’éclairage du Théâtre Lyrique suscita de nombreux commentaires dans la presse, le lustre étant remplacé par un disque de verre dépoli à travers lequel la lumière était distribuée par plusieurs becs de gaz cachés au public.

Un répertoire déterminé
Le Théâtre Lyrique est l’héritier de l’Opéra-National. Ce théâtre avait été créé en 1847 afin de permettre l’expression, devant un large public, des jeunes compositeurs, lauréats du Conservatoire ou Prix de Rome. Dirigé par le compositeur Adolphe Adam (1803-1856), il était installé au 66 boulevard du Temple, 3e arr. Ruiné par la Révolution de 1848, l’Opéra-National cessa son activité pour renaître de ses cendres en 1851 sous le nom de Théâtre-Lyrique. Installé au 77 boulevard du Temple, 3e arr., il en fut exproprié en juin 1862 en raison des grands travaux d’urbanisme conduits par le préfet de la seine, le baron Haussmann. Le Théâtre Lyrique inaugura sa salle Davioud, le jeudi 30 octobre 1862 avec un concert exceptionnel (pièces instrumentales et airs d’opéra).
Le répertoire en avait été fixé par un arrêté du 9 mai 1851, complété le 6 juillet 1854 : pouvaient être interprétées des œuvres nouvelles comportant « des actes en vers ou prose, mêlées de musique nouvelle avec chœurs, airs, duos, trios, morceaux d’ensemble et en général tous les développements que comporte le genre lyrique » ; pas plus de deux œuvres étrangères traduites par an ; des œuvres des auteurs vivants appartenant aux répertoires des autres théâtres lyriques, mais seulement dix ans après leurs création. (N. Wild, Dictionnaire des théâtres parisiens (1807-1914), Symétrie, 2012, p. 230)
Tout jeune théâtre, affranchi du poids de l’histoire à la différence de l’Opéra et de l’Opéra-Comique, le Théâtre-Lyrique put se constituer un répertoire neuf, novateur, varié, qui représenta les deux tiers de ses productions. Y furent créées des œuvres de Charles Gounod, Mireille (1864) et Roméo et Juliette (1867), de Georges Bizet, Les Pêcheurs de perles (1863) et La Jolie Fille de Perth (1866), qui rencontrèrent de grands succès.

Théâtre Sarah Bernhardt
Avant de prendre le nom de Théâtre de la Ville, il portait celui de Théâtre des Nations (de 1879 à 1886 et en 1898, puis de 1957 à 1966). De 1899 à 1937, puis de 1949 à 1956, le Théâtre de la Ville avait porté aussi celui de l’immense comédienne, peintre et sculptrice Sarah Bernhardt (1844-1923). La comédienne en fut la directrice de 1899 à 1914. C’est là que fut donnée la première représentation de L’Aiglon d’Edmond Rostand le 15 mars 1900, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre, Lucien Guitry (1860-1925) dans le rôle de Séraphin Flambeau et André Calmettes (1861-1942) dans celui du prince de Metternich.

Irène Delage, mars 2023 (mise à jour février 2024)

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