Sous le Second Empire c’est l’impératrice Eugénie qui joue l’arbitre des élégances, tant en matière de mode vestimentaire que de coiffure féminine. Une coiffure qui évolue donc au rythme des nouvelles tendances.
Symbole de la féminité, les cheveux sont gardés longs et peuvent atteindre les genoux. Au début du Second Empire, le chignon est toujours en vogue mais les deux tresses placées sur les oreilles à la manière de la jeune reine Victoria disparaissent au profit de deux bandeaux plats de cheveux lissés. L’élaboration du chignon varie selon le type de cheveux et demande de la rigueur sachant qu’il doit s’adapter au chapeau décoré selon les saisons. Aussi, les coiffeurs travaillent-ils avec les modistes, comme la célèbre Mme Aubert associée au coiffeur Crosat.
Dans les années 1850, le chapeau à la mode est la capote* dont la forme arrondie encadre l’ovale du visage jusqu’au menton sous lequel il se noue par deux rubans. Il forme à l’arrière une coque venant accueillir et cacher le chignon de nuque. Il est garni à l’intérieur de soie froncée et de dentelle. Est aussi adoptée la coiffure « Eugénie » ou « rodomengo » qui se présente en deux bandeaux de cheveux lissés sur les oreilles pour se terminer dans la nuque par un chignon dit « noeud d’amour ».
Lors des festivités, le coiffeur y ajoute des ornements floraux et des rubans qu’il peut mettre en valeur en dénouant légèrement le chignon pour en faire sortir des anglaises venant tomber sur les épaules, c’est la coiffure dite « Watteau ». Si l’Impératrice Eugénie n’agrémente que très rarement sa coiffure d’ornements trop encombrants, elle aime cependant saupoudrer ses cheveux de poudre d’or pour donner de l’éclat à sa chevelure. A l’inverse, la comtesse de Castiglione adopte d’extravagantes coiffures vaporeuses.
Vers 1860, la capote s’allège. La partie arrière disparait, laissant désormais visible le chignon qui prend alors du volume. En 1862, le chapeau n’existe plus qu’à l’état de fanchon, une petite coiffe plus pratique. Sa forme triangulaire vient coiffer le sommet de la tête pour se terminer en pointe à l’arrière. Attaché par deux rubans, il est plus ou moins rigide selon les matériaux utilisés (étoffes ou en paille de riz). Sa forme triangulaire peut être décorée par toute sorte d’ornement. Le coiffeur peut désormais travailler la chevelure avec davantage de liberté. Les cheveux du devant sont maintenant travaillés pour venir étoffer l’épaisseur du chapeau-fanchon. Pour se faire, la coiffure dite « impériale » est souvent adoptée, elle est formée d’une grosse tresse formant un diadème recouvert sur les côtés d’un large bandeau plat ne couvrant plus les oreilles. Pour pouvoir réaliser cette tresse-diadème, les marchands de cheveux refont leur apparition. Afin de se rapprocher de la couleur de la cliente, la découverte en 1856 du premier colorant de synthèse aide à amoindrir les décalages de ton.
A la fin du Second Empire, les femmes abandonnent la crinoline* au profit des robes à tournure. Inspirés des tentures, les volumes se concentrent désormais à l’arrière avec tout un jeu de plis.
Afin de créer une harmonie avec ces fameuses tournures, le coiffeur insiste sur le volume au sommet du crâne à l’aide d’anglaises qui viennent retomber en cascade dans la nuque.
Ludovic Cazettes (mars 2011)
Les termes avec * sont définis dans notre lexique de la mode.