1812 La Campagne de Russie : 1 : De la diplomatie au passage du Niémen

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L'année 1812 est marquée par la douloureuse campagne de Russie, qui vit l'entrée de Napoléon dans Moscou en septembre, être suivie d'une retraite dramatique pour la Grande Armée. Voici une chronologie détaillée afin de comprendre l'évolution des relations franco-russes sur le terrain diplomatique, dont l'échec conduisit plusieurs centaines de milliers d'hommes sur les champs de bataille.

Le contexte historique

Après la victoire de Napoléon à Austerlitz, Alexandre Ier déclara la guerre à l'Empire ottoman, avec l'intention de conquérir de vastes étendues du territoire turc après que les forces ottomanes aient déposé les dirigeants pro-russes de Valachie et Moldavie. Des troupes russes envahirent la Moldavie et la Valachie lors d'un assaut orchestré par Nikolaï Rumiantsev, le ministre des Affaires Étrangères de la Russie. La guerre se prolongea jusqu'en 1812, moment où fut signé un traité de paix accepté à la hâte, quelques semaines avant la traversée du Niémen par les troupes de Napoléon. Au même moment, la Russie menait une autre guerre – déclarée en 1804 –  avec la Perse, se disputant les territoires couvrant le Caucase, la Géorgie jusqu'à la rivière Aras. Cette guerre allait prendre fin en 1813.

Après la Bataille de Friedland, et alors que la Russie craignait l'insurrection dans ses territoires polonais en Europe de l'Est, Napoléon et Alexandre Ier signèrent ensemble le 7 juillet 1807 un traité de paix à Tilsit.

La Russie devait prendre part au blocus continental contre l'Angleterre. Elle consentit aussi à se retirer de la Moldavie et de la Valachie, dont elle s'était emparées au cours du conflit avec l'Empire Ottoman et – dans une alliance contractée entre les deux empires –à déclarer la guerre à la Grande-Bretagne.

Le traité signé deux jours plus tard avec la Prusse devait aussi avoir un profond retentissement sur les relations franco-russes. « Punie » pour avoir choisi le mauvais camp en 1806 et 1807, la Prusse perdit cinq millions d'habitants, dont certains partirent rejoindre l'état polonais nouvellement ressuscité, le Duché de Varsovie.

Cet état vassal, en union avec le roi de Saxe, mais en réalité gouverné par l'ambassadeur français à Varsovie, apparut comme un moyen supplémentaire pour installer plus profondément encore le système napoléonien en Europe. Sa création permit également de créer une barrière entre l'Empire français et les intérêts russes en Europe de l'Est.
 
En conséquence du traité convenu à Tilsit, Alexandre Ier avait pris les devants pour se saisir de la Finlande : menée entre février 1808 et septembre 1809, la guerre aboutit au traité de Fredrikshamn – signé le 17 Septembre 1809 – , qui vit la Finlande, précédemment dans les mains suédoises, devenir le Grand-Duché de Finlande et intégrer l'empire russe.

En 1808, Napoléon avait commencé à tourner son attention vers la Péninsule ibérique. Afin d'y étendre son influence, il retira un grand nombre de ses troupes de l'Europe centrale pour les diriger sur la Péninsule ibérique. Dans ce contexte, lors du sommet diplomatique du 12 octobre 1808 à Erfurt, Napoléon appela de nouveau Alexandre Ier, son allié, à agir de manière dissuasive contre toute tentative autrichienne d'attaquer la France.
 
Le sujet de l'Empire ottoman revint de nouveau sur le devant de la scène lorsque le tsar Alexandre Ier montra l'intention de procéder au démembrement du territoire de la Sublime Porte. Il fut aussi question de compensation territoriale pour sa déclaration de guerre contre l'Angleterre, ce qui fut stipulé dans les articles secrets de Tilsit. Napoléon, qui avait signé un traité avec le Sultan en 1802, n'était cependant pas prêt à permettre à la Russie une voie claire sur la Méditerranée et assura que rien ne fut convenu. Le tsar en ressorti déçu, ses conceptions sur le territoire ottoman contrariées. Il ne fut pas le seul à partir frustré : l'entrevue d'Erfurt avait également été marquée par la participation de Talleyrand qui poussa – derrière le dos de Napoléon – le tsar de Russie à résister aux ouvertures de Napoléon, favorable à une alliance ouverte contre l'Autriche. En réalité, toutes les discussions au moment d'Erfurt ne firent que démontrer la nature fragile de l'alliance franco-russe.
 
Bien que la Russie ait accepté d'entrer dans le blocus continental – une étape que Napoléon croyait indispensable à la victoire finale sur la Grande-Bretagne – suivant le traité de Tilsit, l'engagement d'Alexandre était, au mieux, mitigé. L'économie russe était extrêmement dépendante du commerce britannique, et le blocus de Napoléon obligeait le tsar à se détourner des navires britanniques – à se priver des droits à l'importation et des marchandises britanniques – et à accepter l'importation des produits français à la place. Après 1809, le blocus – déjà appliqué avec réticence – fut relâché encore, des navires « neutres » étant autorisés à entrer librement dans les ports. Bien que n'étant pas britanniques stricto sensu, ces navires étaient américains le plus souvent, ils étaient néanmoins chargés de marchandises britanniques, contrevenant ainsi au système mis en place par Napoléon.
 
À la tension internationale existante s'ajouta le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, en avril 1810. Pour Metternich, le ministre autrichien des Affaires étrangères, la nouvelle des liens matrimoniaux entre l'Empereur français et l'Autriche ne pouvait qu'alimenter les inquiétudes croissantes ressenties par la Russie envers la France.

La question polonaise

La Pologne était un noeud de discorde entre la Russie et la France. Toute alliance potentielle discutée par les deux dirigeants fut mise à mal par leur réticence réciproque à faire des compromis. Alors qu'Alexandre Ier voulait une déclaration claire et franche de Napoléon selon laquelle il s'engagerait à ne soutenir aucun Etat polonais indépendant, Napoléon ne voyait pas la nécessité de prendre un tel engagement et s'opposa à une telle demande. Si trois projets pour un accord franco-russe sur les terres polonaises furent avancés, aucun d'eux n'aboutit. En janvier 1810, Caulaincourt, l'ambassadeur français en Russie, et Roumiantsof, le ministre russe des Affaires étrangères, se mirent d'accord sur un projet de convention interdisant le rétablissement de l'état polonais indépendant. Mais Napoléon le rejeta. Dans une lettre du 24 avril 1810, Napoléon fit valoir que toute déclaration contre un État polonais indépendant devait être accompagnée par une déclaration de la Russie contre la restauration du Royaume de Sardaigne. Le roi, qui avait été contraint de fuir vers la Sardaigne et de voir le royaume être incorporé dans l'Empire français, avait maintenu une présence diplomatique à la cour de Russie. Une fois de plus, Napoléon savait qu'Alexandre ne serait politiquement pas en mesure de consentir à de telles suggestions. En juillet 1810, Napoléon refusa fermement de faire toute sorte de déclaration : lors de sa rencontre avec le prince Alexis Kourakine, ambassadeur russe à Paris (cf. le second volume de Alexandre Vandal, Napoléon et Alexandre, p.417-424), il déclara ainsi « Le sang français ne coulera pas pour la Pologne ; leur cause n'est pas celle de la France, mais il ne sera pas versé contre cette malheureuse nation ; ce serait par trop m'avilir que d'en prendre l'engagement ou tout autre qui pourrait lui ressembler. »
 
La question polonaise entraîna Napoléon dans un conflit avec Roumiantsof, et le prince Alexandre Kourakine, ambassadeur de Russie à la France. Roumiantsof continua de réclamer une proclamation claire de Napoléon au sujet de ses intentions pour la Pologne, et la publication d'un tract pro-polonais dans le duché de Varsovie fut considérée par le ministre des Affaires étrangères comme une preuve du soutien tacite de Napoléon. Dans une lettre envoyée au nom de Champagny mais dictée par Napoléon, à Caulaincourt, l'empereur ne pouvait plus cacher son impatience et sa frustration croissante envers la Russie :
« L'Empereur, Monsieur, qui a, depuis plusieurs semaines, vu avec chagrin les soupçons injurieux sans cesse énoncés par la Russie, qui tantôt prétend qu'il fomente les troubles de la Pologne, tantôt le rend comptable d'articles de gazettes écrites à deux cents lieues de Paris, ou de brochures qui seront à jamais inconnues en France, ainsi que ceux qui les composent, a été bien plus mécontent encore de cette phrase de la lettre de M. de Romanzof, qui semble renfermer une accusation formelle ; « Que prétend la Russie, a dit l'Empereur, par un tel langage ? Veut-elle la guerre ? Pourquoi ces plaintes continuelles ? Pourquoi ces soupçons injurieux ? Si j'avais voulu rétablir la Pologne, je l'aurais dit et je n'aurais pas retiré mes troupes d'Allemagne. La Russie veut-elle me préparer à sa défection ? » [1er juillet 1810, n° 16 181, Correspondance de Napoleon Bonaparte, Édition du Second Empire]
 
À la mi-1810, Napoléon avait décidé d'ignorer toutes les autres demandes en provenance de la Russie. L'absence d'autorisation de Kourakine pour discuter des articles d'une éventuelle alliance avec Napoléon, offrit le prétexte idéal pour rejeter toute discussion sur la question. Après l'incendie de l'ambassade d'Autriche à Paris le 1er juillet 1810, au cours duquel l'ambassadeur russe fut grièvement brûlé, Napoléon adressa une note à Charles de Nesselrode, le chef de mission adjoint à l'ambassade, pour demander si le représentant du Tsar serait en mesure de discuter une nouvelle convention franco-russe, en sachant très bien que cela lui était impossible.

Pour sa part, Alexandre Ier passa la plupart du mois de janvier 1811 en communication avec Adam Jerzy Czartoryski, le célèbre diplomate polonais, ami intime du tsar et ancien ministre des Affaires étrangères à la cour de Russie. Avant même leur pleine mesure, les actions de Napoléon dans les Etats hanséatique étaient déjà bien connues de lui, Alexandre avait commencé à explorer en profondeur l'offensive à mener contre l'empereur français, en ciblant d'abord la reconstitution d'un royaume de Pologne (alliée, naturellement, à la Russie). Le plan reposait sur la création d'un effet domino en Europe : une invasion du duché de Varsovie avec une force de « 100 000 Russes » serait suivie par le ralliement de la population polonaise à Alexandre avant le renversement des troupes françaises dans les régions environnantes. Les états allemands seraient ensuite incités à rejoindre la nouvelle coalition. Alexandre envisagea même une alliance avec l'Autriche une fois l'équilibre des pouvoirs en Europe suffisamment bouleversé. Jouant sur le patriotisme de Czartoryski, Alexandre Ier informa son ami, en mettant des antennes du gouvernement et le commandement militaire à Varsovie, qu'une telle opération ne pouvait réussir que si la Russie recevait de la Pologne une véritable coopération. L'incertitude régna chez les dirigeants polonais sur les motifs de la Russie et il ne fallut pas longtemps aux autorités françaises pour connaître les plans du Tsar. Au printemps de 1811, le projet fut mis en veilleuse.

Détérioration des relations franco-russes

Alors que les griefs s'accumulaient, à la fin de 1810, un grand nombre de navires, appartenant à un convoi transportant des marchandises britanniques naviguant sur la Baltique, accostèrent librement dans les ports russes, sous couvert d'être des neutres. Napoléon savait que le Tsar Alexandre n'avait plus aucune intention de respecter ce dont ils avaient convenu à Tilsit. Le 13 décembre 1810, un sénatus-consulte annonça officiellement l'incorporation des villes hanséatiques de Lübeck, Brême et Hambourg dans l'Empire français.
 
Malgré la présence militaire française dans les ports depuis plus de quatre ans, la fraude et la contrefaçon étaient encore très répandues et l'annexion était destinée à renforcer le blocus le long de la Baltique. Cette loi annexait également un certain nombre de territoires reliant les ports, y compris le duché d'Oldenbourg. Ce petit duché était considéré par le régent, Pierre I, dont le fils George était marié à la soeur d'Alexandre Ier, Catherine Pavlovna. Napoléon offrit Erfurt au régent Pierre I, en compensation d'Oldenburg, une proposition qui fut mal reçue à la fois à Oldenburg et en Russie. Bien qu'initialement il devait rester en place avec de sévères restrictions imposées à sa règle, le duc fut bientôt éjecté de force. Par un décret impérial du 22 janvier 1811, Napoléon ordonna le déplacement de la famille Oldenburg et la saisie du duché, en violation du traité de Tilsit (article 12), et ce qui aggrava les relations diplomatiques franco-russes.
 
Le début de l'année fut particulièrement éprouvant pour les deux souverains. Le 31 décembre 1810, le Tsar annonça un oukase décrétant que les biens (autres que ceux de provenance britannique) pourraient une fois de plus entrer en Russie via ses ports, tandis que les importations entrant dans l'empire par les terres (dont la majorité était d'origine française) seraient soumises à des droits élevés. Malgré les stipulations de l'oukase, la Russie fut effectivement ouverte de nouveau au commerce britannique. En outre, toutes les marchandises illégalement entrées dans le pays étaient vouées à la destruction. Un tel changement dans la politique commerciale – annoncé et sans consultation préalable de l'empereur des Français – ajouta une pression supplémentaire sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Une lettre de Napoléon du 28 février 1811, mêlant le mélodrame et la menace non dissimulée, en témoignait sans ambiguïté : « Je charge le comte de Czernitchef de parler à Votre Majesté de mes sentiments pour elle. Ces sentiments ne changeront pas, quoique je ne puisse me dissimuler que Votre Majesté n'a plus d'amitié pour moi. […] Le dernier ukase de Votre Majesté, dans le fond, mais surtout dans la forme, est spécialement dirigé contre la France. […] Toute l'Europe l'a envisagé ainsi ; et déjà notre alliance n'existe plus, dans l'opinion de l'Angleterre et de l'Europe. […] Que Votre Majesté me permette de le lui dire avec franchise : elle a oublié le bien qu'elle a retiré de l'alliance ; […] je suis frappé de l'évidence de ces faits et de la pensée que Votre Majesté est toute disposée, aussitôt que les circonstances le voudront, à s'arranger avec l'Angleterre ; ce qui est la même chose que d'allumer la guerre entre les deux empires. Votre Majesté abandonnant une fois l'alliance et brûlant les conventions de Tilsit, il serait évident que la guerre s'ensuivrait quelques mois plus tôt ou quelques mois plus tard. Cet état de méfiance et d'incertitude a des inconvénients pour l'empire de Votre Majesté et pour le mien. […] Si Votre Majesté n'a pas le projet de se remettre avec l'Angleterre, elle sentira la nécessité pour elle et pour moi de dissiper tous ces nuages.« 

La Russie avait cependant largement manoeuvré à l'insu de Napoléon pendant des mois. Entre le printemps et l'hiver de 1810, une mission diplomatique du colonel Chernitchev à Paris et une relation étroite avec Bernadotte avaient permis à la Russie de cultiver des liens avec le prince nouvellement élu en Suède, et d'obtenir des renseignements sur la politique de Napoléon. L'espionnage de l'officier russe fut cependant découvert. Après un entretien privé avec Napoléon, l'officier russe avait minutieusement brûlé ses papiers personnels puis quitté Paris. L'identité de la taupe française qui officia  pour le compte de Chernitchev – un certain « Michel » qui avait travaillé au ministère de la Guerre et avait donc librement accès aux plans des armées et aux mouvements des troupes – fut découvert à la fin de Février 1812. Chernitchev fut autorisé à quitter la France, Napoléon ne voulant pas provoquer un incident diplomatique aussi tôt. Le 1er mai 1812, la taupe « Michel » fut exécutée pour avoir fourni des renseignements à une puissance étrangère en vue de lui fournir les moyens de faire la guerre à la France.

La participation autrichienne

Le 25 avril 1811, Napoléon fit comprendre à Metternich que pour tout conflit à venir – contrairement aux indications initiales données à Schwarzenberg en septembre 1810 -, une participation active de l'Autriche était attendue (« concours effectif », cf. Metternich, Mémoires, tome II, p.420). L'Autriche s'inquiéta alors pour la Galicie (aujourd'hui l'Ukraine), qui faisait encore partie de l'Empire autrichien et qui était sur la frontière d'avec le Duché de Varsovie. Une note de Metternich à l'empereur d'Autriche rapportait l'attente de Napoléon d'une insurrection en Galicie, soutenue par les nationalistes polonais, ce qui pourrait conduire à une rupture entre l'Autriche et la France. Cependant, un tel événement en Galicie pourrait aussi devenir avantageux pour l'Autriche, Metternich préparant la demande d'une compensation territoriale. En cas de neutralité autrichienne, l'Autriche pourrait être ainsi indemnisée de la perte de son territoire Galicien. Toutefois, si l'Autriche prenait une part active dans une victoire de la France, elle pourrait y gagner davantage. La France serait obligée d'apporter d'importantes compensations à l'Autriche en échange des sacrifices consentis au cours du conflit.

Plus tard dans l'année, le 28 décembre 1811, Metternich estimait que la Grande Armée serait constituée d'environ 200 000 à 230 000 soldats. A la fin de 1811, il décrivit l'Autriche comme étant devant un abîme « dont nous ne pouvons guère encore mesurer la profondeur » (Mémoires, tome II, p.428).

Toujours pragmatique, il convenait que la neutralité de l'Autriche se traduirait par l'effondrement de la monarchie autrichienne et était donc la voie la moins favorable, car Napoléon profiterait des pourparlers de paix pour réorganiser les territoires Illyriens, la Galicie et la Bavière au détriment de l'Autriche. Il admettait aussi que la Prusse se trouvait dans une situation géopolitique extrêmement délicate, exacerbée par un roi à l' »indécision naturelle » (Mémoires, vol. II, p.423). Si la Prusse concluait une alliance avec la France, l'Autriche serait presque obligée de suivre, de peur que la Prusse ne gagne de l'ascendant sur l'Autriche aux yeux de Napoléon. La participation de la Prusse dans le conflit à venir forcerait l'Autriche à abandonner sa politique de neutralité.

Pourtant, si la Prusse était détruite (un état de choses qui semblait tout à fait possible à l'époque), la Silésie en profiterait encore une fois au détriment de l'Autriche. Metternich suggérait donc une nouvelle fois que la participation autrichienne à l'invasion française était du domaine du possible, à condition que Napoléon donna l'assurance que l'Autriche ne serait pas seulement indemnisée pour les frais de guerre, mais recevrait aussi une compensation géographique considérable, à savoir la Silésie, les provinces Illyriennes, et la frontière de l'Inn (y compris Salzbourg ). En échange l'Autriche céderait une partie « raisonnable » (Mémoires, p.433) de la Galicie au royaume polonais. Aux yeux de Metternich, un tel plan d'action était donc préférable, comme une victoire française semblait la seule chose qui pourrait sauver l'Autriche.

En janvier 1812, Metternich se faisait une meilleure idée quant à la participation de l'Autriche. Un corps auxiliaire autrichien serait exploité sur l'aile située à l'extrême-droite de la force d'invasion et serait commandé par l'archiduc Charles. Il rapporta aussi que Napoléon avait déclaré que des forces autrichiennes seraient sous le commandement d'un autrichien qui dépendrait directement de lui, et serait, indépendant de toutes les autres forces de la Grande Armée.

En fin de compte, l'intérêt national couplé à la menace posée par la Russie sur le territoire autrichien à l'est (alors que la guerre russo-turque faisait rage) conduisit Metternich à préconiser une alliance française.

Le rôle de la Suède

Le 19 janvier 1812, Napoléon autorisa Davout à envahir et occuper la Poméranie suédoise, sous prétexte de renforcer le blocus continental bafoué et de sécuriser le flanc français à l'approche de la prochaine campagne. Napoléon vit également cette occupation comme une punition envers la Suède pour avoir appliqué de manière laxiste le blocus. Les troupes françaises commandées par le général Friant traversèrent la frontière dans la nuit du 26-27 janvier, et à la fin du mois, Bernadotte apprit l'occupation de la Poméranie. Il ne reçut aucune déclaration ou annonce de l'empereur des Français, et se tourna par la suite vers la Russie.

Bien qu'ayant un temps craint que la montée d'un général français sur le trône suédois ne fasse de la Suède un État client de la France – donc une menace pour le littoral nord de la Russie – Alexandre avait reçu suffisamment de garanties au cours du séjour de Chernitchev à Paris. De plus, sa relation avec Bernadotte le confortait dans l'idée qu'il n'entrerait pas en guerre avec la Russie. Bernadotte, élu prince héritier de Suède le 21 août 1810, avait été motivé par l'établissement de l'indépendance de la Suède au côté d'une Russie forte, alors que la Finlande avait été maintenue territoire russe. De plus, si la France déclarait la guerre à la Russie, la Grande-Bretagne s'allierait avec la Russie, et si la Suède accompagnait Napoléon dans la guerre contre la Russie, le commerce maritime suédois se verrait sérieusement menacé par la domination britannique sur les mers.

Lors de la première rencontre de Bernadotte, alors prince héritier, avec l'ambassadeur de Russie en Suède, Peter Suchtelen, il déclara : « le bonheur de la Suède est inséparable de la paix avec la Russie ». Toutefois sa position sur la neutralité continua à susciter des inquiétudes, jusqu'au 5 avril 1812 et la signature d'une alliance.

En effet, le 5 avril 1812, Bernadotte – contrairement aux espérances de Napoléon de voir son ancien général rentrer dans le rang – fit connaître son intention de diriger la politique étrangère de la Suède de manière indépendante et signa une alliance défensive et offensive avec la Russie. Le traité établissait l'incorporation de la Norvège – partie du royaume de Danemark et donc un allié de la France – dans le royaume suédois. La Suède consentait alors à ne pas contester la possession russe en Finlande. Alexandre Ier promettait, quant à lui, de fournir des troupes à Bernadotte pour se saisir de la Norvège. Une fois le territoire norvégien sécurisé, la Suède devait en échange mener des opérations destinées à faire diversion contre l'arrière-garde de Napoléon en Allemagne.

L’indécision prussienne

Après plusieurs mois d'hésitation, la Prusse – prise entre la Russie et la France – choisit finalement de s'allier à la France. La décision du tsar Alexandre Ier de poursuivre sa politique défensive face au conflit à venir poussa la Prusse, à contrecoeur, à faire alliance avec Napoléon. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III expliqua au Tsar dans une lettre du 19 (calendrier julien) / 31 (calendrier grégorien) mars 1812 que la tactique russe ne lui laissait pas le choix : « Fidèle à votre stratégie non offensive, Votre Majesté m'a privé de tout espoir de prompte ou réelle assistance et m'a placé dans une situation telle que la destruction de la Prusse serait l'étape préliminaire d'une guerre contre la Russie. » [in Dominic Lieven, La Russie contre Napoléon, Ed. des Syrtes, 2012, p.109].

Signée le 24 février 1812, l'alliance fit effectivement de la Prusse une base d'arrière-garde pour la Grande Armée. Frédéric-Guillaume III consentit à apporter un contingent de troupes prussiennes à la force alliée, à appliquer le Système continental au territoire prussien et à ravitailler l'armée française. Le traité fut ratifié le 5 mars 1812. Malgré les engagements militaires du roi, l'animosité de la Prusse envers la France était telle qu'un grand nombre d'officiers prussiens entrèrent au service de la Russie.
 
Après le traité signé avec la Prusse le 14 mars 1812, une alliance entre la France et l'Autriche fut à son tour signée. Malgré quelques réserves quant aux capacités du pays à faire face au conflit qui se profilait, Metternich savait que la participation autrichienne, à ce qu'il considérait comme une « guerre de conservation », était inévitable. Le point clef de cette alliance résidait dans l'engagement de l'Autriche à fournir 30 000 hommes, sous le commandement d'un général autrichien, pour participer à la probable campagne de Russie. Napoléon souhaitait que ce soit l'archiduc Charles qui prenne le commandement de cette force auxiliaire, mais ce fut finalement Karl Philip von Schwarzenberg, l'ambassadeur autrichien à Paris, qui fut nommé. Il fut aussi décidé qu'en cas de formation d'une nouvelle Pologne « indépendante », l'Autriche devrait céder la Galicie en échange des Provinces Illyriennes.
 
L'alliance prussienne fut suivie par un ultimatum russe, reçu par les représentants du Tsar à Paris le 14 avril 1812, qui exigeait un retrait français de tous les territoires prussiens et sites fortifiés afin de maintenir une zone tampon neutre entre les deux belligérants. Les succès militaires d'Alexandre Ier en Turquie et l'alliance, récemment conclue, avec la Suède avaient renforcé sa détermination. Face à la volonté du Tsar de déclarer une guerre ouverte, Napoléon continuait de parler de traités. Cependant après avoir envoyé son aide de camp à la cour d'Alexandre Ier avec l'intention de maintenir la paix, il quittait Paris pour les territoires allemands.
 
Kourakine, resté à Paris, avait obtenu une rencontre avec Maret, ministre des Affaires étrangères, afin de discuter de la paix et ce fut à son arrivée pour cette rencontre le 9 mai qu'il apprenait le départ de Napoléon de Paris, puis par le Moniteur du 10 mai 1812, qu'il s'était dirigé à Dresde pour inspecter l'armée.
 
Napoléon y était arrivé à la mi-journée, le 16 mai, accompagné d'un certain nombre de dirigeants allemands. Le 18 mai, François Ier arrivait à son tour et rencontrait le couple impérial. Dans les jours qui suivirent, Metternich, qui était aussi présent, décrivit comment Napoléon s'attendait à une avance russe au-delà de ses propres frontières. L'empereur français décrivit alors comment selon lui la guerre allait se faire. (cf. l'autobiographie de Metternich, p 153.) : « Mon entreprise est une de celles dont la patience renferme la solution. Le triomphe appartiendra au plus patient. Je vais ouvrir la campagne en passant le Niémen. Elle aura son terme à Smolensk et à Minsk. C'est là que je m'arrêterai. Je fortifierai ces deux points et m'occuperai à Vilna, où sera le grand quartier général durant l'hiver prochain, de l'organisation de la Lithuanie, qui brûle d'impatience d'être délivrée du joug de la Russie. Nous verrons, et j'attendrai qui de nous deux se lassera le premier : moi de faire vivre mon armée aux dépens de la Russie, ou Alexandre de nourrir mon armée aux dépens de son pays. Peut-être irai-je de ma personne passer les mois les plus rigoureux de l'hiver de Paris. »

La Russie se prépare

La Russie planifia la guerre dès 1810. Dans son mémorandum, La Défense des frontières occidentales de la Russie de mars 1810, Barclay de Tolly montrait qu'il y avait un manque évident de fortifications le long de la frontière occidentale de l'empire (la dernière menace sur cette partie de l'empire était venue de la Suède avec Charles XII, qui avait été défait par Pierre Ier à Poltava en 1709). En tant que ministre de la Guerre en Russie, Barclay de Tolly préconisait une offensive « terres brûlées » si le territoire polonais était envahi, avec la mise en place d'un front défensif le long de la Dvina (Daugava) et du Dniepr. Les renseignements russes reçurent de Chernichev des informations validant l'intérêt de cette stratégie, Napoléon prévoyant de son côté une avancée rapide en territoire ennemi et des batailles décisives.
Le camp de Drissa (près de Vitebsk, en Biélorussie) était un site clé. Une bataille précoce devait donner une avance à Alexandre Ier, un retrait défensif seul ne pouvant aboutir qu'à la perte de la Prusse, l'alliée de la Russie. Une avancée en Pologne était également nécessaire pour gagner les nationalistes polonais, qui pouvaient être convaincus de se battre avec la Russie si des concessions leur étaient offertes. Une telle manoeuvre pourrait également gêner Napoléon, l'empêchant d'organiser ses ravitaillements en Pologne. La Russie craignait aussi la réaction polonaise face à une retraite russe et pensait que les élites appuieraient l'avancée de Napoléon. Ces craintes entraînèrent de nombreux Russes à soutenir un plan plus offensif contre Napoléon.
Le général prussien Karl Ludwig von Pfuhl, qui avait servi en tant que conseiller occulte du Tsar préconisa un plan de défense, avec l'armée russe qui battrait en retraite vers le camp de Drissa au déclenchement de la guerre. On pensait alors que l'empire russe pourrait résister à l'invasion jusqu'à l'épuisement des approvisionnements de Napoléon. Ce plan ultra-défensif avait la préférence du Tsar, influencé en partie par le nombre important des troupes mobilisées par Napoléon. Ce plan, selon l'avis de l'historien britannique Dominic Lieven, offrait la meilleure chance de sauver le coeur de la Russie. Le Tsar avait également à lutter contre l'inclination naturelle de ses officiers pour l'attaque : battre en retraite était considéré comme déshonorant, et un tel plan pouvait avoir une incidence morale importante sur l'armée.
Au cours de l'hiver 1811/1812, les forces de Koutouzov avaient rapidement déjoué l'armée ottomane, contre qui la Russie était en guerre depuis 1806. Informés des rumeurs d'un conflit à venir entre la Russie et la France, les Perses lancèrent une nouvelle offensive, et le 13 février 1812, mirent en déroute les forces russes commandées par Pyotr Kotlyarevsky à la bataille de Sultanabad (aujourd'hui Arak). Six mois plus tard cependant, Kotlyarevsky défaisait Abbas Mirza à la bataille de Aslanduz le 31 octobre 1812.

Le 2 avril 1812, Chuikevich, ancien membre d'état-major d'Alexandre et stratège travaillant au ministère de la Guerre, présenta un mémorandum à Barclay de Tolly, analysant la méthode préférée de Napoléon pour mener une guerre : une avance éclair suivie par des victoires rapides pour accabler l'adversaire. Pour vaincre Napoléon selon Chuikevich, la Russie devait effectuer un retrait, et mener dans le même temps une guerre d'usure, des raids effectués par des détachements volants (composés de troupes légères), pour désorganiser le ravitaillement de l'ennemi et sa communication.
Dans le même temps, cependant, la Russie avait conscience que ses alliés seraient peu nombreux et dispersés. Malgré un accord avec la Suède en avril 1812, il y avait encore des incertitudes quant à la fiabilité de Bernadotte, tandis que l'assistance de la Grande-Bretagne se limiterait certainement à une aide financière.

En avril 1812, Alexandre Ier et quelques membres de son cercle d'intimes savaient que Napoléon rassemblait une immense armée estimée à 450 000 soldats, tandis que les effectifs russes ne dépasseraient pas plus de 200 000 hommes pour commencer, dont 30 000 cavaliers. Pour rétablir un certain équilibre dans les effectifs, Chuikevich conseillait de faire déclencher une rébellion dans le nord de l'Allemagne et de la Poméranie, au cas où les forces alliées ou russes auraient besoin de s'y installer un peu plus tard. Dans sa correspondance privée, cependant, Alexandre Ier et ses généraux admirent que le Tsar devait envisager d'abandonner plus de territoires que simplement les régions occidentales de son Empire, car il ne pouvait écarter la possibilité que Napoléon puisse avancer plus profondément en Russie avant d'être repoussé. Le comte Rostopchine écrivit à Alexandre à la veille de l'invasion que dans le cas d'une défaite initiale à Napoléon, l'empereur de Russie serait menaçant à Moscou, terrifiant à Kazan et invincible à Tobolsk.

Ainsi, en avril 1812, les provinces frontalières de la Russie furent déclarées en état de guerre, et les autorités commencèrent les réquisitions pour l'armée.

Les derniers préparatifs

Le 25 avril, Napoléon envoya le comte de Narbonne au côté d'Alexandre pour essayer de gagner du temps et lui permettre ainsi de faire avancer les préparatifs militaires français déjà en cours. Le 27 avril, l'ambassadeur de Russie à Paris, le prince Kourakine, menaça de quitter la capitale si une réponse définitive n'était pas apportée à sa note du 14 avril demandant le retrait des troupes françaises de la Poméranie suédoise et de la Prusse. Pendant ce temps, Alexandre Ier arrivait à Vilna le 26 avril avec l'ambassadeur français, le général Lauriston – qui avait reçu des instructions pour garder ouvertes les négociations avec le Tsar. À ce moment-là cependant, l'ambassadeur français se vit interdire d'approcher le Tsar.
Malgré le désir de Barclay de Tolly de lancer les premières offensives préventives en Prusse orientale et en Pologne – essentiellement pour empêcher les préparatifs français – Alexandre Ier ne donnait aucun ordre en ce sens. La signature du traité franco-autrichien en avril, avait intensifié les craintes russes de voir marcher l'armée autrichienne sur la Russie. L'évolution des relations franco-autrichiennes et l'ampleur des troupes rassemblées par Napoléon marquèrent l'abandon de tous les plans d'action offensifs.
Les plans de Barclay de Tolly pour une action préventive, justement, n'avaient pas préparé les troupes russes pour résister à une invasion. Une réorganisation rapide était donc nécessaire. Il fallait déplacer des troupes loin de la Prusse orientale et de la Pologne, et sécuriser les points les plus susceptibles d'être envahis le long de la frontière occidentale, vaste et démunie de réels moyens de défense naturels. Ainsi, par exemple, le 11 mai, Volkonsky, aide de camp d'Alexandre Ier, nota que  les états-majors des corps d'armée de Barclay (à Schawel, une ville importante sur la frontière prussienne-russe, désormais Siauliai en Lituanie) et du prince Piotr Bagration (à Lutsk, aujourd'hui en Ukraine) étaient éloignés de plus de huit cents kilomètres.
Le 28 mai 1812, la Russie, désireuse de mobiliser ses troupes pour faire face à la menace d'une invasion française, signa avec l'Empire ottoman le Traité de Bucarest, terminant ainsi la guerre russo-turque qui avait cours depuis 1806. Le Sultan se trouva forcé d'accepter cette paix, lui qui avait réussi jusque-là à tenir bon ses velléités d'opposition. Le Tsar Alexandre Ier dut rendre la Moldavie et la Valachie aux Turcs, et reçut en compensation le territoire de Bessarabie ainsi qu'un accès à la Méditerranée, ce qui lui permettait d'observer la Grande Armée qui s'était massée à sa frontière occidentale. L'armée du Danube était également libérée pour retourner en Russie. Selon Lieven, bien que ces troupes ne pouvaient pas revenir à temps pour combattre l'invasion initiale de Napoléon, la présence de ces troupes dans et autour de la Biélorussie devaient considérablement entraver les communications de Napoléon et sa retraite.
 
Le 6 juin, Bagration déplaçait la seconde Armée réorganisée à Pruzhany afin de la réunir à la première armée pour tenir une ligne défensive plus forte. Le 18 juin, il ordonna de se déplacer plus au nord, pour se prémunir contre une poussée de Napoléon à travers le nord-est vers la Prusse à Vilna. La politique adoptée par Alexandre avait pour effet de contraindre les Russes à attendre le premier coup de Napoléon. L'incertitude entourant les premiers développements de la guerre signifiait que peu de mesures concrètes avaient été prises dès le début. En termes militaires, pour le corps des officiers russes (au moins les plus expérimentés), la guerre était généralement trop imprévisible pour être prévue de manière détaillée. L'amplitude de l'étendue de l'Empire russe impliquait aussi que, une fois que Napoléon aurait traversé le duché de Varsovie puis la Dvina, il pourrait se diriger dans n'importe quelle autre direction en Russie. Il pourrait filer tout droit vers Saint-Pétersbourg ou Moscou, ou prendre la direction sud vers l'Ukraine pour rejoindre ses vivres et ses réserves de chevaux, ou simplement rester en Biélorussie et consolider son avancée.

Le passage du Niémen. La proclamation de Napoléon : "la seconde guerre de Pologne est commencée"

Installé à Dantzig depuis le 7 juin, à seulement quelques jours de l'entrée sur le territoire russe, Napoléon préparait l'invasion du territoire russe. Le Niémen marquait la frontière entre territoires alliés et territoires russes : le choix du point de traversée était extrêmement important pour que l'invasion se fasse dans les meilleures conditions possibles. La traversée devait s'effectuer donc près du village de Naugardyszki, dans le duché de Varsovie, près de la ville de Kovno située sur la rive opposée.
 
Le 22 juin 1812, Napoléon publiait une proclamation à ses troupes rassemblées le long du Niémen : 
« La seconde guerre de Pologne est  commencée. La première s'est terminée à Friedland et à Tilsit ; à Tilsit, la Russie a juré éternelle alliance à la France et guerre à l'Angleterre. Elle viole aujourd'hui ses serments. Elle ne veut donner aucune explication de son étrange conduite, que les aigles françaises n'aient repassé le Rhin, laissant par-là nos alliés à sa discrétion. La Russie est entraînée par la fatalité ! Ses destins doivent s'accomplir. Nous croirait-elle donc dégénérés ? Ne serions-nous donc plus les soldats d'Austerlitz ? Elle nous place entre le déshonneur et la guerre. Le choix ne saurait être douteux. Marchons donc en avant ! Passons le Niémen ! Portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de la Pologne sera glorieuse aux armes françaises, comme la première ; mais la paix que nous conclurons portera avec elle sa garantie, et mettra un terme à cette perpétuelle influence que la Russie a exercée depuis cinquante ans sur les affaires de l'Europe. » 

Entre le 22 juin et le 1er juillet, environ 380 000 soldats de la Grande Armée traversèrent le fleuve pour envahir le territoire russe. Le 24 juin, Napoléon lui-même fit la traversée et installa son quartier général à Kovno (Kaunas, Lituanie d'aujourd'hui).
 

 
Auteur : Hamish Davey-Wright, traduction E.Papot et I. Delage
Juin 2012

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