Chronique
– L, d’Irène Delage. L’invention de la photographie à la fin des années 1830, son développement et sa démocratisation rapide dans les 15 années suivantes, ont bouleversé notre société de manière irréversible. La lecture de la presse dans ces années 1850-1860 rend compte de l’impact de la photographie, passant des rubriques scientifiques aux rubriques artistiques et judiciaires.
Retrouvez sur napoleon.org des fiches commentées d’œuvres des plus grands photographes :
Art
– [Paul Nadar et deux membres de l’ambassade Japonaise 1862], par Paul Nadar (1856-1939). En France, la première ambassade nipponne est reçue par l’Empereur Napoléon III au palais des Tuileries le dimanche 13 avril 1862. Le photographe Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadar (Tournachon utilise Nadar comme nom de plume pour la première fois en 1838 dans le journal parisien Les papillotes) réalise une série de portraits de ces différents membres les 17 et 18 avril. Dans celui-ci, il met en scène son fils Paul, âgé de 6 ans, dans une œuvre dont la sobriété, concentrée sur les personnages, est la marque de son art du portrait. (fiche avec deux illustrations complémentaires, zoom et liens Internet)
– Scherzo di Follia (un portrait photographique de la comtesse de Castiglione), entre 1863 et 1866, par Pierre-Louis Pierson (1822-1913). Ce portrait de la comtesse de Castiglione est devenu emblématique de l’histoire de l’art photographique. La personnalité du sujet, « la Castiglione », n’est pas étrangère à l’engouement pour ce cliché qui ne se dément pas dans le temps, ouvrant des interrogations et des interprétations multiples sur la démarche de cette aventure photographique de quarante ans dont il fait partie. Car pendant 40 ans, la comtesse de Castiglione va nourrir sa quête narcissique en se faisant photographier par Pierre-Louis Pierson (1822-1913). (fiche avec 4 illustrations complémentaires, zoom, bibliographie et liens Internet)
Architecture
– 2 vues du palais des Tuileries 1855-1858, par Édouard Baldus (1813-1889). Ces deux photographies de Baldus présentent un triple intérêt : elles permettent d’admirer des bâtiments aujourd’hui disparus, d’évoquer la dernière phase de travaux du Louvre et d’aborder les progrès techniques mis en avant par l’auteur de ces clichés. Elles sont issues des collections de la Fondation Napoléon.
– Ruines du palais d’Orsay, siège du Conseil d’État (mai 1871), par Alphonse Liébert (1827-1913). Le palais d’Orsay ne se remettra pas de l’incendie du 23 mai 1871 déclenché par les Communards au cours de la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai, semaine qui voit plusieurs incendies organisés autant par action symbolique que tentative d’entraver la progression des troupes du gouvernement retranché à Versailles. S’il est un temps envisagé de reconstruire le palais pour y installer un musée des Arts décoratifs, ses ruines sont rasées en… 1898.
– , par Bruno Braquehais (1823-1875). La défaite approchant, les Communards, soucieux de faire table rase d’un passé qu’ils méprisent, mettent le feu au Palais des Tuileries le 23 mai 1871. C’est un véritable désastre auquel assiste le photographe parisien Bruno Braquehais (1823-1875) qui réalise près de 110 photographies consignées dans Le siège de Paris : 1870-1871.
– , par Eugène Disdéri (1819-1899)
Photographe officiel de Napoléon III, avec Mayer et Pierson, André-Adolphe-Eugène Disdéri (1819-1889) développa le portrait-carte, dont l’Empereur perçut très vite l’intérêt populaire, et inventa un appareil à quatre objectifs permettant la prise de huit photos sur une seule plaque. En 1870 et 1871, il réalisa de nombreuses photos de la guerre à Paris et ses environs, et d’édifices incendiés lors de la Commune comme cette vue de la place du Châtelet et du Théâtre-Lyrique dont on peut percevoir les destructions intérieures causées par l’incendie du 24 mai 1871. Construits entre 1860 et 1862, le Théâtre Lyrique, et son voisin le Théâtre impérial du Châtelet, furent conçus par l’architecte et inspecteur général des travaux d’architecture de la Ville de Paris Gabriel Davioud (1824-1881), un proche du baron Haussmann.
– , par Louis-Émile Durandelle (1839-1917). Durandelle est un photographe français qui collabora avec de nombreux architectes, parmi lesquels Charles Garnier, Édouard Corroyer, Ambroise Baudry, Paul Abadie, Edmond Guillaume, Juste Lisch ou Jean Louis Pascal. Ses albums de chantiers offrent une rare documentation photographique. Ainsi, ses photos du chantier de l’Opéra de Garnier sont particulièrement célèbres
Portrait politique
– Louis-Napoléon Bonaparte en Prince-Président, 1852, par Gustave Le Gray (1820-1884). Sollicité à partir de 1852 pour des commandes officielles, Gustave Le Gray va ainsi photographier le Prince-Président dans sa marche vers l’Empire. L’œuvre présentée ici (une épreuve sur papier salé à partir d’un négatif papier, technique qui permet la reproduction) va en devenir le premier portrait officiel : compensant la simplicité de son habit bourgeois, le futur Empereur prend la pose, assis bien droit, offrant ainsi l’image d’un homme affirmé. La photographie a sans doute été prise au Palais des Tuileries, où le Prince-Président s’installe en janvier 1852. (fiche avec illustrations complémentaires, zoom, et liens vers dossiers)
Famille et entourage impériaux, portraits
– L’impératrice Eugénie en prière, 1856, par Gustave Le Gray (1820-1884). Durant l’été 1856, le photographe Gustave Le Gray réalise, au palais de Saint-Cloud, plusieurs portraits de l’Impératrice Eugénie, devenue maman du Prince impérial quelques mois plus tôt, le 16 mars. Ils devaient permettre au peintre Thomas Couture (1815-1879) de réaliser la commande impériale d’une mise en scène, grand format, du baptême de l’héritier du trône napoléonien, sans imposer de longues heures de pose à l’Impératrice. Le photographe offre un portrait d’une rare intimité. (fiche avec 5 illustrations complémentaires, et zoom)
– Le Prince impérial sur son poney, posant pour le photographe, vers 1859, par l’atelier Mayer Frères et Pierson. Une photo issue des collections de la Fondation Napoléon. (lien pour zoomer)
– La princesse Clotilde et son fils Victor Napoléon, 1863, par Eugène Disdéri (1829-1889). Une photo issue des collections de la Fondation Napoléon.
– Le comte Émilien de Nieuwerkerke (1811-1892), intendant des Beaux-arts (1853), chambellan honoraire de l’Empereur (1859), 1861, par Léon Crémière (1831-1913). Chargé de photographier les membres de la Maison de l’Empereur, le photographe Léon Crémière nous livre ici un magnifique portrait d’apparat d’une personnalité essentielle de la vie artistique du Second Empire, Émilien de Nieuwerkerke, alors intendant des musées impériaux depuis 1853. Un portrait classique, sinon le regard très expressif de Nieuwerkerke : un jeu de comédien ? Une photo issue des collections de la Fondation Napoléon. (fiche avec 2 illustrations complémentaires, et liens vers des recueils de photographies).
mise en ligne 13 septembre 2019, complété 10 décembre 2021, 17 mars 2023